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Newsletter - Live Nation France ; Apple vs Spotify ; Taxe streaming et Spotify ; Alliance SCPP x Adami ; Interview Boris Vedel ; DMX Estate ; Nominations Lagardère

L'actualité du music business

MUSIQUE, BUSINESS, ÉCONOMIE.

Les Jeux Olympiques, source d’opportunités pour le music business, ne sont pas sans risques et répercussions pour le secteur du live, en pleine relance après deux années sans concerts. Certaines entreprises sont particulièrement pénalisées par “l’impossibilité” d’organiser des concerts durant la période des JO, bien que les annulations de festivals aient globalement pu être évitées.

A commencer par Live Nation France, leader de la production de concerts, et premier employeur du secteur. L’annulation du festival Lollapalooza Paris (170 000 spectateurs en 2023) symbolise à elle seule un manque à gagner conséquent. L’impact des JO s’avère plus important qu’annoncé et couvre une période plus large.

180 millions d’euros, soit 45% du chiffre d’affaires de l’année 2023. C’est le manque à gagner estimé par Live Nation France faute de pouvoir organiser des concerts durant l’été 2024, pour cause des Jeux Olympiques.

Pour les producteurs de concerts et les organisateurs de festivals, l’épreuve du marathon olympique a démarré depuis l’automne 2022. Le Gouvernement avait évoqué le report ou l’annulation des évènements nécessitant l’intervention des forces de l’ordre, dont les festivals et concerts.

Des ajustements ont certes été faits avec des changements de dates pour la quasi-totalité des festivals concernés.

Certains ne sont cependant pas parvenus à trouver les solutions et équilibres nécessaires, à l’instar de Lollapalooza Paris dont l’annulation a finalement été annoncée à trois mois de l’évènement. “Au vu des contraintes logistiques, administratives et sécuritaires qui sont de plus en plus fortes, il nous est malheureusement impossible d’organiser le festival comme nous l’avions pensé, pour nos fans, nos artistes et nos partenaires” précisait le communiqué de Live Nation France.

Lollapalooza : surcoût de 30% soit plusieurs centaines de milliers d’euros

Les surcoûts liés à la sécurité, la sûreté ainsi que la technique sont les principales raisons de l’annulation du festival qui avait accueilli 170 000 spectateurs en 2023. Organiser le festival dans le contexte de JO, aurait engendré un surcoût de 30% selon les organisateurs.

“Tout est plus cher: le son, la lumière, les scènes… Et aussi c’était compliqué de mettre à disposition des forces de sécurité privée. On se serait retrouvé avec un festival qui aurait coûté beaucoup plus que d’habitude, un surcoût qui se chiffre en centaines de milliers d’euros…” explique Angelo Gopee, Directeur Général de Live Nation France, à MUSICBIZ.

Le report ne semblait pas réalisables pour diverses raisons de disponibilités des artistes, d’organisation, d’agencement. Et pour Live Nation, il n’était pas envisageable de proposer une expérience dégradée aux spectateurs et festivaliers, et des services moins bons qu’à l’accoutumé.

“Le faire ailleurs, ce n’est pas intéressant. On ne pouvait pas avancer le festival notamment parce qu’il y a le démontage de Solidays. On est passé sur un format trois jours avec 170 000 festivaliers, il n’y avait pas de queue, les spectateurs étaient contents. On est arrivé à un niveau tel qu’on ne peut pas décevoir les gens. On s’est donc résigné à ne pas le faire cette année, pour ne pas déconstruire ce qu’on a construit depuis sept ans. Je pense qu’il ne faut pas faire pour faire…” précise Angelo Gopee.

3 000 personnes travaillant sur le festival Lollapalooza Paris

La seule annulation de Lollapalooza Paris a déjà d’énormes conséquences sur le plan financier. Le budget du festival est autour de 15 millions d’euros, financé à 75% par la billetterie et les recettes propres, et à 25% par le sponsoring. Soit autant de recettes en moins.

Live Nation n’est pour autant pas la seule entreprise s’apprêtant à faire face à un manque à gagner. Pour certains prestataires, l’annulation du festival implique de l’activité en moins, que tous ne sont pas sûrs de pouvoir compenser.

En termes d’emplois, plusieurs centaines d’emplois saisonniers ne seront pas pourvus.

“En comptant les 700 à 800 jeunes que nous employons directement pour l’accueil des festivaliers, quelques 600 agents de sécurité par jour, les prestataires pour la technique, la restauration, le nettoyage, les stands, environ 3 000 personnes travaillent chaque jour sur le festival” souligne le Directeur Général de Live Nation France.

Un impact sur plusieurs mois pour les concerts produits

L’impact des Jeux Olympiques est particulièrement important pour l’entreprise, leader dans le secteur de la musique live. Un certain nombre de concerts ne peuvent être produits durant une partie de l’été, en raison de la mobilisation des forces de l’ordre et des contraintes liées à la logistique entre autres.

“On ne peut pas faire grand chose cette année, c’est compliqué en termes de moyens de sécurité, de sûreté. On doit organiser des concerts plus tard cette saison” concède Angelo Gopee.

Or la saison estivale n’est pas sans importance pour les concerts, en particulier des têtes d’affiche américaines.

Live Nation France prévoit un manque à gagner de 180 millions d’euros en raison des concerts ne pouvant être produits durant l’été, pour cause des JO. Un montant qui n’inclut pas les éventuelles conséquences indirectes de l’évènement sur les concerts durant les mois suivant, telles que la baisse des ventes de billets, la baisse du pouvoir d’achat, les changements d’habitudes.

“Entre dix stades, une édition Lollapalooza, plusieurs concerts à La Défense Arena à 45 000 personnes, on arrive vite à 180 millions d’euros, et que sur l’été, c’est-à-dire les mois où nous ne pouvons pas produire de concerts” affirme le Directeur Général de Live Nation France.

Une indemnisation pour les pertes engendrées par les JO

Les pertes engendrées ne sont pas sans risques pour la prospérité de l’entreprise, qui a réalisé 400 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023. Un montant s’expliquant par la forte croissance des ventes de billets de concert, après deux années quasiment sans activité pour les entreprises du secteur. “On a eu une grosse année 2022, mais qui était un rééquilibrage avec 2020 et 2021” nuance Angelo Gopee.

Pour l’heure, et depuis plusieurs mois, les producteurs de live et organisateurs de festivals demandent, notamment via leurs syndicats, et sans succès, une indemnisation pour les pertes occasionnées. Il n’est toutefois pas question de solliciter une compensation.

“Nous avons gardé tout le personnel alors qu’on est amputé de quasiment la moitié du chiffre d’affaires. Je comprends que nous devions faire des sacrifices, laisses les stades et les salles, mais comment on paye les équipes, la location, les investissements que nous avons faits ? Ce n’est pas nous qui ne voulons pas travailler, nous ne pouvons pas travailler” s’insurge le DG de l’entreprise employant 120 personnes.

Live Nation n’exclut pas une éventuelle suppression de postes pour pallier à cette baisse d’activité durant l’année 2024, en particulier dans l’optique où aucun mécanisme d’indemnisation ne serait accordé par le gouvernement. D’autant que le dispositif de l’activité partielle s’avère encadré et que la situation de l’entreprise est exceptionnelle.

“Nous n’avons pas attendu quelque chose pour garder tout le monde, mais ça a un coût, avec des recettes que nous n’aurons pas en face. Qu’est ce que l’on peut faire ? Nous demandons à être entendus, à entamer une discussion” insiste Angelo Gopee.
Mais du côté du gouvernement, silence radio.

La ministre de la Culture n’a pas fait d’annonce en ce sens lors de son intervention devant les représentants de la filière musicale au Printemps de Bourges fin avril. L’indemnisation pour les pertes de billetterie occasionnées par les JO avait pourtant été formulée début février soit deux mois avant, devant la ministre, lors de la première rencontre avec les représentants des organisations professionnelles réunies derrière la bannière de Tous Pour La Musique.


”L’affaire Apple” relative aux pratiques anticoncurrentielles sur le marché européen du streaming n’est pas terminée. Les plateformes européennes estiment que les mesures adoptées par Apple sont insuffisantes. Elles se considèrent sciemment pénalisées par certaines dispositions qu’elles sont tenues d’accepter pour convertir les utilisateurs de l’App Store en abonnés.

Apple brandit la valeur créée pour les plateformes de streaming et les services fournis aux applications pour justifier ses conditions. Et deux mois après l’amende d’1,8 milliard d’euros prononcée par l’Union Européenne, la multinationale américaine a entamé une procédure devant la justice visant à contester et faire annuler la sanction.

La guerre du streaming dans le music business se poursuit, et se joue à divers niveaux. Sur les terrains du business, de l’expérience utilisateur, du marketing, de la communication, de la réglementation. La sanction d’1,8 milliard d’euros prononcée à l’encontre d’Apple en mars 2024 fait office de réponse aux plaintes et accusations des plateformes européennes, en particulier Spotify.

Depuis plusieurs années, les plateformes reprochent notamment à Apple d’imposer une commission de 30% pour chaque abonnement souscrit et vendu via l’App Store. Une véritable “taxe” qui, selon elles, les oblige à augmenter leurs prix pour compenser le manque à gagner, et les rend moins compétitives qu’Apple Music. Il est également brandi l’impossibilité pour les plateformes de communiquer librement avec leurs abonnés au sein des applications iOS.

Nouvelles conditions pour les applications de streaming

Pour se conformer à la décision de la Commission Européenne et à la réglementation, Apple a procédé à une mise à jour des conditions relatives à l’App Store s’appliquant aux développeurs et propriétaires des applications de streaming de musique de l’Espace Économique Européen (Music Streaming Services Entitlement).

Les plateformes de streaming peuvent désormais explicitement informer de la possibilité de souscrire à un abonnement hors de l’App Store. Par l’intégration d’un lien redirigeant les consommateurs vers une page d’information, ou d’un formulaire pour l’envoi par mail du lien vers la page d’information.

Auparavant, la seule option était d’indiquer la nécessité de quitter l’application iOS pour se rendre sur leur site afin de souscrire à un abonnement, sans possibilité d’ajouter de lien de redirection.

Une commission de 27% refusée par Spotify

Également, un lien redirigeant vers la page de souscription des abonnements sur le site des plateformes peut être ajouté. Néanmoins, il s’agit d’un lien d’affiliation, qui implique pour les plateformes de streaming de reverser une commission de 27% sur le montant de chaque transaction. Une condition sine qua none refusée par Spotify.

A titre de comparaison, Deezer, YouTube, Amazon Music, Qobuz, Tidal exploitent la technologie Apple Pay pour les abonnements souscrits via l’App Store.

Apple justifie cette commission par un certain nombre d’avantages et de services offerts par l’App Store, dont l’accès aux consommateurs, le référencement, et des outils marketing. L’entreprise dirigée par Tim Cook estime que “les développeurs d’application sur App Store bénéficient d’une technologie et d’outils protégés par la propriété intellectuelle” et mentionne les investissements constants, pour “fournir une expérience sûre et de qualité”.

Spotify a uniquement intégré au sein de son application un lien de redirection vers une page d’information pour chaque formule d’abonnement.

Apple refuse toute nouvelle mise à jour de l’application Spotify avec l’intégration d’un lien redirigeant vers les pages d’abonnement sur son site, tant que la plateforme n’accepte pas les nouvelles conditions “Music Streaming Services Entitlement” et la commission de 27%.

Apple ne permet donc pas non plus aux développeurs et propriétaires des applications de streaming de musique de communiquer sur d’autres prix que ceux qui seraient facturés via l’App Store.

Les plateformes françaises Deezer et Qobuz affichent uniquement sur leurs applications les prix payés via Apple Pay (14,99 euros l’abonnement “premium” sur Deezer, 19,49 sur YouTube), alors que les prix des abonnements souscrits sur leur site, donc hors de l’App Store, sont respectivement de 11,99 et 12,49 euros. Il en est de même pour YouTube et Amazon Music.

Des sanctions supplémentaires plébiscitées par les plateformes européennes

La réponse de Spotify s’est faite en deux temps, sur les terrains de la communication et de la politique. “Nous avons soumis une nouvelle version affichant des informations sur les prix et notre site. En facturant des frais aux développeurs d’applications pour simplement communiquer avec leurs clients, Apple continue d’enfreindre la réglementation européenne. Il est temps pour la Commission de durcir ses sanctions pour que les consommateurs voient enfin de réels changements” a déclaré Dustee Jenkins, Chief Public Affairs Officer, et membre du comité de direction du leader mondial du streaming dans le music business.

En parallèle, un courrier a été adressé début mai à Margrethe Vestager, Executive Vice-President de la Commission Européenne, chargée de la concurrence.

Il est énoncé par Digital Music Europe, fédération des plateformes européennes, que les dispositions prises par Apple pour se conformer à la réglementation sont insuffisantes dans le sens où elles ne corrigent pas les distorsions de concurrence.

Apple conteste la sanction d’1,8 Md € devant la justice de l’UE

La réplique d’Apple se prépare à la suite de la sanction inédite à hauteur d’1,8 milliard d’euros, correspondant à 0,5% de son chiffre d’affaires en 2023. La firme américaine a entamé une procédure devant la Cour Générale, une des deux juridictions de la Cour de Justice de l’Union Européenne, selon une information révélée par le média Bloomberg.

La Justice devra donc se prononcer sur la sanction de la Commission Européenne et sa pleine cohérence avec la réglementation. Une décision qui interviendra dans le cadre d’une Commission Européenne renouvelée, à la suite des élections européennes.

La riposte de Spotify monte en intensité. La plateforme a acté une augmentation des prix de ses abonnements en France, répercutant la taxe streaming sur les consommateurs.

Les abonnements à Spotify en France sont à présent les plus élevés dans l’Union Européenne. La hausse de la grille tarifaire de la plateforme est à présent effective. Les dirigeants avaient prévenu que la taxe streaming ne pourrait être absorbée et qu’elle fragiliserait la pérennité de l’entreprise.

Les augmentations vont de 6 à 22 centimes. L’abonnement premium “solo” augmente de 13 centimes, passant de 10,99 à 11,12 euros, l’offre “duo” passe de 14,99 à 15,17 euros, et l’abonnement “famille” est à présent de 18,21 euros contre 17,99.

Les prix des abonnements à Spotify restent moins élevés que ceux à Deezer (11,99 l’abonnement “solo”) et Qobuz, mais sont à présent supérieurs à ceux d’Apple Music, YouTube Music, Amazon Music, Tidal (10,99 euros l’abonnement “solo”).

La hausse de prix est d’ores-et-déjà effective pour les nouveaux abonnés, la grille tarifaire étant actualisée. Pour les abonnés actuels, l’augmentation sera appliquée à compter de juillet.

Ces nouvelles augmentations de prix font suite à une première hausse en 2023. Les abonnements “solo” et “étudiant” avaient alors été augmentés de 1 euro, et les offres « duo » et « famille » de 2 euros.

Dans un communiqué aux abonnés premium, il est précisé par Spotify que la mesure vise à “couvrir les coûts supplémentaires d’une nouvelle taxe sur les services de streaming musicaux imposée par le gouvernement français pour financer le Centre national de la musique”.

La filiale française de la plateforme avait annoncé cette hausse début mars sur X dans une lettre (5,8 M de vues) ainsi qu’une vidéo de son directeur général Antoine Monin (135 K vues), sans cependant donner les nouveaux tarifs.

L’augmentation de la grille tarifaire de Spotify est la 2ème mesure composant la riposte de la plateforme face à la taxe streaming. La première consiste en un désinvestissement sur le marché français, avec l’arrêt du sponsoring de deux festivals particulièrement importants, le Printemps de Bourges et les Francofolies.

Les plateformes reversent 1,2% de leur chiffre d’affaires en France depuis janvier 2024, afin de contribuer au financement du Centre national de la musique. Une mesure avec pour objectif affiché de pérenniser le financement de l’établissement sous tutelle du ministère de la Culture.

Spotify a d’ores-et-déjà averti ses abonnés que tout relèvement de la taxe streaming serait également “reflété dans les plans tarifaires en France”.

La plateforme de streaming revendique avoir reversé 225 millions d’euros de son chiffre d’affaires en 2022 aux labels et artistes en France, et redistribuer chaque année 2/3 de son chiffre d’affaires aux ayants droit.

Un accord stratégique inédit a été signé entre l’Adami, principal organisme en charge des droits des artistes-interprètes, et la SCPP, une des deux sociétés gérant les droits des producteurs. Cette première alliance ouvre indéniablement une nouvelle ère en matière de gestion collective et de droits voisins dans le secteur de la musique en France.

La SCPP et l’Adami se décident à joindre leurs forces et entament un “rapprochement” de leurs sociétés respectives. Les principaux objectifs consistent en la mutualisation des moyens, ressources et données, et en l’optimisation des droits pour les producteurs et les artistes. Il est également question de mieux défendre les droits des producteurs et des artistes, notamment dans le cadre des négociations.

Le Président de la SCPP, Olivier Nusse, considère que “cet accord, sans précédent en France, entre producteurs et artistes interprètes, traduit une volonté commune de dépasser les antagonismes habituels et surtout de construire ensemble une défense plus forte de nos intérêts, dans un contexte de transformation permanente de l’industrie musicale”.

“Cette collaboration historique va dans le sens de l’intérêt général. L’union des forces, au-delà des clivages, ne peut que faire grandir la gestion collective face aux enjeux d’aujourd’hui et de demain” réagit Anne Bouvier, Présidente de l’Adami.

Une fusion complète envisagée

La première phase porte sur la création d’une “filiale commune et paritaire”, afin de regrouper les bases de données et les outils de répartition des deux organismes, pour la rémunération équitable ainsi que la copie privée. La récente modification par l’Adami de ses règles de répartition facilite l’établissement de règles communes, précisément en raison de leur proximité avec celles de la SCPP.

Dans un second temps, une “fusion complète” est envisagée par l’Adami et la SCPP, au terme de la mutualisation des bases de données et des outils de répartition, d’après l’accord signé. Elle devra évidemment être décidée par les Conseils d’Administration des deux organismes, et également être approuvée par leurs membres respectifs lors de leurs Assemblées Générales.

Les producteurs affiliés à la SCPP et les artistes adhérents de l’Adami se prononceront d’abord sur la mise en place de la filiale commune fin juin, à l’occasion des Assemblées Générales.

Le secteur de la musique en France a la particularité de compter cinq organismes de gestion collective: la Sacem pour les auteurs, compositeurs et éditeurs, la SCPP et la SPPF pour les producteurs, l’Adami pour les artistes-interprètes, et la Spedidam pour les artistes musiciens.

Le Printemps de Bourges Crédit Mutuel a depuis longtemps la réputation d’être l’archétype du festival made in France. Particulièrement populaire auprès des professionnels français en raison de son ancienneté, son timing et sa localité, le Printemps est un lieu de visibilité pour les artistes, et de rencontres entre pros, pour des deals comme pour des échanges autour des enjeux et métiers de la musique live.

Premier festival de l’année, l’évènement est aussi un des premiers faisant face aux évolutions impactant le secteur, et à devoir s’adapter pour préserver son modèle économique, son positionnement, son attractivité. Interview avec Boris Vedel, directeur général du Printemps de Bourges.

MUSICBIZ: Quelle est la chronologie de l’organisation du festival ?

Boris Vedel: L’organisation du Printemps de Bourges Crédit Mutuel commence dès le mois de mai avec un bilan durant l’été. On voit ce qui a plus ou moins bien fonctionné, et on décide de ce que l’on souhaite améliorer.

En parallèle démarre la programmation pour les têtes d’affiche, les artistes les plus populaires, avec des négociations pendant l’été, et bouclées début septembre.

Le reste de la programmation est élaboré jusque fin décembre. Mais pour les créations, on s’y attèle deux ans à l’avance. On en a de plus en plus, ce sont des projets ambitieux, et les disponibilités des artistes sont à gérer bien en amont.

A partir de septembre, les équipes de la communication et des partenariats avancent sur les stratégies et les échanges. Tout se passe à l’automne pour la définition du projet, les dossiers de subventions, les partenariats…

Nous avons un projet de festival avancé en octobre, en décembre un financement bouclé, ainsi que des discussions engagées avec les pouvoirs publics pour l’organisation et la sécurité.

Pour les plus gros concerts, la scène et la technique sont sécurisées avant fin décembre. Les cadres travaillent sur le festival à l’automne et recrutent à partir de janvier. Nous pouvons alors mettre en œuvre le festival au début de l’année.

“On n’accueille plus les publics comme il y a 20 ans. L’expérience festivalière a toujours plus d’importance.”

Qu’est ce qui a particulièrement changé de votre point de vue de directeur de festival ?

Le marché du spectacle vivant se métamorphose. La nature des spectacles évolue, avec l’expérience festivalière, l’inflation des cachets artistiques, les coûts de production des concerts, le cadre réglementaire…

On n’accueille plus les publics comme il y a 20 ans. L’expérience festivalière a toujours plus d’importance. Cela implique des coûts. Les spectateurs ont plus d’exigences sur la restauration, l’accueil, le confort…

Il y a aussi une inflation des cachets d’artistes, principalement sur les têtes d’affiche, notamment parce que leurs spectacles sont plus ambitieux et coûtent également plus chers. Pour qu’un concert soit “instagramable”, il faut beaucoup de moyens. Maintenant les artistes montent sur scène avec des écrans, des effets spéciaux, des musiciens en plus etc.

Le Printemps de Bourges contribue au développement du territoire, et participe au développement du secteur notamment avec l’axe professionnel.
C’est ce qui me motive et c’est très stimulant. Voir les gens heureux, c’est gratifiant. Quand je suis arrivé, c’était plutôt l’artistique qui me motivait.

“Il nous faut dépasser 85% de taux de remplissage pour atteindre la rentabilité d’un spectacle”

Comment évolue votre modèle économique dans un contexte de crises successives sur le plan économique et social, et d’inflation engendrant des surcoûts ?

Notre budget est autour de 7,4 millions d’euros cette année, et a augmenté de 500 000 euros. Le Printemps de Bourges Crédit Mutuel reste un festival avec un équilibre fragile, et il est de plus en plus financé avec les partenariats privés, qui représentent environ 40% du budget.

L’an dernier déjà, nous avions 10 à 15% de dépenses supplémentaires par rapport à l’édition précédente, soit plus que l’inflation.

Il y a eu une inflation généralisée et un effet boule de neige, subis par tous les festivals. L’inflation s’est répercutée sur les coûts de transports et des matières premières.

Il y a aussi une logique inflationniste qui s’impose, et que l’on expérimente en tant qu’employeur avec des augmentations des coûts et des salaires.
Les coûts de montage et de démontage sont plus importants.
Sur les cinq couches de coûts pour une mission, on se prend donc une inflation cumulée.

Nos marges, qui sont déjà faibles, baissent encore. Nous prenons beaucoup de risques.

Un certain nombre de nos spectacles sont structurellement déficitaires. C’est pourquoi nous avons besoin des aides, parce que c’est un projet culturel, et non dans une logique purement commerciale.

En l’état actuel, il nous faut dépasser les 85% de taux de remplissage pour atteindre la rentabilité d’un spectacle. Ça dépend bien sûr des salles, pour certaines c’est plus…

“La baisse du pouvoir d’achat et les grèves nous impactent“

Les ventes de billets ont-elle été impactées par les changements des habitudes de consommation et par la conjoncture sociale ?

Depuis deux ans, on a des courbes en “u” avec des ventes qui partent très fort, qui ralentissent ensuite et qui remontent à la fin.

L’ouverture de la billetterie démarre quand même plus fort qu’avant. En un mois on avait vendu presque 50% des billets.

Les publics jeunes ont répondu présents très tôt, avec des concerts rapidement complets. Pour les artistes chanson, leurs publics ce sont les familiaux.

Les publics actifs sont les plus volatiles. Beaucoup de spectateurs font un à deux concerts par an, et font partie de ceux qui attendent que de grands artistes viennent se produire dans leur région.

La baisse du pouvoir d’achat, comme les grèves dans les secteurs clés des transports et du carburant, sont des sujets qui nous impactent parce que nos activités sont dans le champ de l’évènementiel et donc soumises aux aléas d’une conjoncture.

L’an dernier, un mois avant le festival il y a eu un ralentissement des ventes et un attentisme, alors qu’habituellement nous sommes en pleine cadence. Les spectateurs ne s’étaient pas rués sur les billets, la période n’y était pas propice.

Le développement de la billetterie est-il un objectif ?

Le nombre d’entrées payantes fluctue à la marge avec entre 70 et 80 000 entrées payantes selon les éditions. Les ventes sont stables. Je ne veux pas que l’on juge le festival à l’aune d’un chiffre.

Cette année, nous étions parti sur un format à 80 000 entrées payantes, avec quatre concerts en plus au Palais d’Auron. L’an dernier, nous avions d’office 8 000 spectateurs de moins, suite à notre choix de fermer deux salles de 4 000 spectateurs.

Nous n’avons pas pour objectif de doubler en taille… Le festival accueille 200 000 festivaliers, a lieu dans une ville de 65 000 habitants et une agglomération de 100 000 personnes, on ne peut pas pousser les murs.

La fréquentation des festivals comprend environ 80% de spectateurs originaires de leurs régions respectives, c’est aussi le cas du Printemps de Bourges.

Quelles sont les initiatives récentes pour améliorer l’expérience des professionnels et renforcer l’attractivité du Printemps auprès de cette cible ?

Nous avons beaucoup travaillé sur l’accueil des professionnels, avec notamment l’ouverture d’un nouveau lieu, “Le triangle”, pour des showcases et des conférences devant une centaine de personnes.

L’espace principal des professionnels a été repensé, et évolue en sorte de mini-convention avec des corners permanents tenus par nos partenaires.

Notre objectif est d’améliorer constamment nos capacités et prestations pour accueillir les professionnels, leur permettre de se rencontrer, et de travailler dans des conditions agréables.

“Monter en puissance jusqu’en 2028 avec une édition plus ambitieuse et plus large”

En quoi le festival est éco-responsable ?

Le management responsable des évènements est un savoir-faire que l’on maîtrise. Nous avons acquis la certification ISO 20121 activité évènementielle en juillet 2020 (norme reconnaissant l’implication en matière de développement durable).

Avec nos partenaires, tant les industriels que les acteurs publics, nous travaillons par exemple très bien sur la collecte, le tri et la revalorisation des déchets.

Notre priorité est de bien travailler avec les outils déjà à notre disposition. Le festival étant implanté dans la ville, nous travaillons avec notre agglomération équipée d’outils pour le cycle de vie des déchets ou encore sur les produits biodégradables.

Nous avons aussi progressé sur l’alimentaire avec une charte réglementaire des menus, en nombre restreint, avec des produits variés, en circuits courts.

Comment se profilent les prochaines éditions, entre la 50è en 2026, et 2028 avec Bourges qui sera la Capitale européenne de la Culture ?

Nous avons bien sûr l’édition 2026 en ligne de mire. Les 50 ans du Printemps sont importants, il y aura évidemment quelque chose, essentiellement sous forme artistique.

A partir de l’année prochaine, le Printemps doit servir au nouveau projet pour monter en puissance jusqu’à 2028. Il nous faut réfléchir en deux temps, que 2026 ne fragilise pas et n’essouffle pas 2028.

Nous allons faire évoluer notre stratégie, cela va forcément puiser sur nos moyens.

On peut très bien imaginer des formats plus raisonnables lors des prochaines éditions, parce qu’on aura mis moins d’argent sur les cachets, avec des objectifs de public différents.
2028 sera une édition plus ambitieuse et plus large.

L’agence Artist Legacy Group a été désignée par les héritiers de DMX comme partenaire exclusif pour représenter et gérer leurs intérêts. Une nouvelle étape pour l’exploitation du catalogue du rappeur de NYC, parmi les plus emblématiques, et qui avait enchainé de nombreux succès entre 1998 et 2003.

Artist Legacy Group ambitionne de continuer à faire vivre la musique de DMX et d’optimiser l’exploitation et la monétisation de son catalogue et de son image. Les administrateurs du DMX Estate (sa fiancée Désirée Lindstrom et sa fille Sasha Simmons entre autres) ont fait savoir qu’elles étaient confiantes sur la capacité de l’agence ALG à assurer la prospérité de son héritage, ses droits, sa musique.

L’agence spécialisée dans la gestion des intérêts des artistes défunts et en fin de carrière représente notamment Iggy Pop, les ayants droit de Bootsy Collins, légende du funk, Sam Cooke, un pionnier de la soul dans les 50 et 60, ou encore Dean Martin, interprète de “Let it snow ! Let it snow !”.

Les ayants droit de DMX ont confirmé travailler avec Artist Legacy Group sur divers projets innovants, sans en préciser la nature ni le calendrier. La vente du catalogue de l’artiste n’est évidemment pas à exclure.

Plusieurs avocats américains estiment la valeur du catalogue ainsi que les droits associés à DMX à plusieurs millions de dollars.

DMX a vendu plus de 15 millions d’albums aux États-Unis, et cumule une dizaine de nominations aux GRAMMYs, MTV VMA, et American Music Awards, dont un prix aux AMA (favorite rap artist).

Cinq de ses albums sortis entre 1998 et 2003 avec le label Def Jam (Universal Music) ont été d’énormes succès, et s’étaient classés n°1 du Billboard 200.

Son premier album “It’s dark and hell is hot”, qui contient les classiques “Ruff ryders’ anthem”, “How’s it goin’ down” et “Let me fly” s’était vendu à 250 000 exemplaires en 1ère semaine, et cumule plus de 5 millions de ventes aux US.

Le 5ème album de DMX (“Grand champ”) sorti en 2003 avait dépassé le million de ventes après avoir enregistré 312 000 ventes en 1ère semaine, porté par les titres “Where the hood at ?” et “X gon’ give it to ya”.

Changement de direction pour Europe 2 (ex- Virgin) et RFM. Le groupe a pour objectif principal le développement des audiences des stations dédiées à la musique.

Alain Liberty est nommé Directeur Général des radios musicales de Lagardère à compter du 1er juin. Il a rejoint le groupe en 2022 en tant que directeur des affaires institutionnelles de Lagardère News, et était précédemment DG du groupe 1981 (Oüi FM, Latina, Ado…) entre 2019 et 2022, et Président du syndicat des radios indépendantes (Sirti).

“La nomination d’Alain Liberty sur le périmètre des musicales s’inscrit dans notre stratégie de consolidation du pôle radio. Il pourra notamment poursuivre le travail de relance d’Europe 2 en définissant une nouvelle stratégie d’antenne pour la saison 2024/2025” a déclaré Constance Benqué, Présidente de Lagardère Radio.

Stéphane Bosc, à qui Alain Liberty succède, a dans le même temps été nommé Directeur Général de la radio RFM.

La Présidente de Lagardère Radio a salué “le travail réussi lors du rebranding d’Europe 2”, et souligné que RFM “se développe toujours plus dans un esprit de proximité”.

La radio musicale RFM, écoutée chaque jour par 1,6 million de personnes, revendique occuper la 2ème place sur les cibles adultes.

Selon Lagardère, la station réalise 20% de son audience sur le digital, et attire 258 000 fans chaque jour, avec un gain de 55 000 auditeurs sur un an (+27%).

VENTES ALBUMS : THEDORT N°1, BILLIE EILISH N°2 ET SANTA N°3

semaine du 24-30 mai

ARTISTE

ALBUM

LABEL

1. THEDORT 🆕

12 183 ventes

Imad

Epic / Sony Music

2. BILLIE EILISH

Hit me hard

Universal

3. SANTA 🆕

Recommence moi

Parlophone

4. TWENTY ONE PILOTS 🆕

Clancy

Atlantic / WMG

5. SLIMANE

Essentiel

Capitol / UMG

6. TAYLOR SWIFT

TTPD

TS / UMG

7. LENNY KRAVITZ 🆕

Blue electric

BMG

8. PLK

Chambre 140

Panenka / Wagram

9. WERENOI

Pyramide

AllPoints / Believe

10. DUA LIPA

Radical optimism

Warner records / WMG

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