Newsletter 10/03

L'actualité du music business

MUSIQUE, BUSINESS, ÉCONOMIE.

La taxe streaming a été instituée pour doter le Centre national de la musique de ressources nouvelles et pérennes. Les plateformes leaders sur le marché français avaient mis en exergue l’impact financier du dispositif durant les discussions avec les professionnels et le gouvernement. Spotify charge et durcit le ton, deux mois après l’entrée en vigueur de la taxe. La plateforme adopte des mesures drastiques, dont une nouvelle hausse de prix pour la France.

Spotify officialise sa riposte à la taxe streaming. Au préalable, les plateformes avaient prévenu qu’elles ne pourraient pas absorber cette taxe en raison de leurs faibles marges, et qu’elles seraient contraintes d’augmenter leurs prix. Spotify a annoncé le 7 mars une nouvelle hausse pour les abonnements en France, dans une annonce sur X totalisant plus de 5 millions de vues en 48 heures.

“Prochainement, nos abonnés en France subiront une augmentation de prix en raison de coûts supplémentaires sur les services de streaming musicaux, imposés par le gouvernement français dans le cadre de la taxe CNM”.

La taxe streaming viendrait exacerber la pression fiscale sur l’entreprise, selon ses dirigeants. La plateforme paiera autour de 3 millions d’euros en 2024. Les prévisions de rendement global sont de 15 millions d’euros pour cette année.

“Avec la création de cette taxe, Spotify devrait reverser environ deux tiers de chaque euro aux ayants droit et au gouvernement français. Il s'agit d'un montant conséquent qui ne permet pas d'assurer la pérennité de l'entreprise. Nous avons toujours été très clairs en la matière - nous ne pouvons tout simplement pas absorber des taxes supplémentaires”

Le Centre national de la musique a réagi à la riposte de Spotify. Des clarifications ont été faites sur la taxe streaming, le budget de l’établissement, ainsi que ses missions et services.

Spotify et le Centre national de la musique sont en désaccord sur le bien-fondé de la taxe streaming.“Cette contribution nouvelle repose sur un principe de solidarité” précise le CNM dans un communiqué, mentionnant d’autres taxes pour les secteurs du spectacle vivant, du cinéma et de l’audiovisuel.

Plusieurs affirmations de Spotify sont contredites par la maison commune de la musique. “Pas un centime de cette ressource ne finance le fonctionnement du CNM. Le produit de la taxe est intégralement investi dans les programmes d’aides financières”.

Pour l’établissement sous tutelle du ministère de la Culture, le soutien par la puissance publique du secteur des artistes et des entreprises est essentiel pour la création d’un certain nombre de projets, leur exploitation et leur présence sur la scène nationale et internationale.

“De nombreux projets n’existeraient tout simplement pas. Dans une économie de la musique mondialisée et très concurrentielle, les entreprises et les artistes ont besoin du soutien des pouvoirs publics pour exister et compter dans la compétition internationale.”

Le marché de la musique n’est pas exempt de régulation. Les pratiques d’Apple jugées anticoncurrentielles sur le marché du streaming musical étaient dans le viseur de la Commission Européenne qui, après l’ouverture d’une enquête en 2020, avait confirmé un abus de position dominante début 2023, ce qui préfigurait une sanction. La décision du 4 mars a d’autant plus d’impact qu’elle survient dans un contexte économique de guerre entre les plateformes sur le marché européen.

L’Union Européenne sanctionne Apple d’une amende d’1,8 milliard d’euros pour abus de position dominante sur le marché du streaming musical. Un montant colossal en guise de sanction financière adéquate au regard de la puissance d’Apple. L’amende correspond à 0,5% du chiffre d’affaires annuel de la firme américaine (383 milliards de dollars en 2023). Elle aurait pu atteindre 10%.

Elle a été définie en tenant compte de la gravité et de la durée de “l’infraction”, ainsi que des revenus d’Apple et de sa capitalisation boursière.

La Commission Européenne justifie sa décision en pointant un certain nombre de pratiques anticoncurrentielles d’Apple à l’égard des applications de streaming de musique.
“Apple contrôle tous les aspects de l’expérience et définit les conditions auxquelles les développeurs doivent se conformer, pour être présents sur l’App Store et pouvoir atteindre les utilisateurs de l’espace européen”.

Le contexte évolue, mais les grands enjeux restent constants pour le secteur de la musique. La croissance des revenus pour les entreprises, le développement des carrières pour les artistes. La préservation des modèles économiques, la sanctuarisation de la création, face à l’innovation, aux changements de réglementation, de politiques. Les principales demandes et attentes des acteurs de la filière poursuivent l’objectif de faire face aux défis et risques qui vont rythmer leur année.

Les acteurs de la filière se sont accordés pour la défense et la promotion de leurs intérêts mutuels et respectifs auprès des décideurs politiques.

Les priorités des acteurs ont été déclinées à l’égard de la ministre de la Culture lors d’une rencontre informelle. Une “occasion de parler de vive voix, malgré les divergences profondes qui ont traversé le secteur", d’après le Président de la fédération Tous Pour La Musique.

Le soutien des plateformes de streaming est plébiscité pour optimiser leur développement.
L’intégration “sans délai” des abonnements aux plateformes de streaming au sein du pass culture est sollicitée.

Les producteurs de concerts, organisateurs de festivals et exploitants de salles redoutent que les Jeux Olympiques n’occasionnent un manque à gagner et une baisse de fréquentation.
Une indemnisation est demandée pour compenser les pertes de recettes engendrées.

La croissance effrénée du leader mondial du live se poursuit. Live Nation a enregistré les meilleurs résultats de son histoire au cours de l’année 2023, en termes de chiffres d’affaires, de bénéfice, de fréquentation, avec des progressions significatives.

Live Nation a réalisé un chiffre d’affaires de 22,7 milliards de dollars (21 milliards d’euros) en 2023, en hausse de 36% en un an. L’activité a principalement été boostée par la croissance sur la production de concerts et la billetterie.

Les concerts ont généré 18,7 Md$ de recettes (17,2 Md€), en progression de 39%, et les ventes de billets 2,9 Md$ (2,6 Md€), avec une augmentation 32%. Les revenus en provenance du sponsoring ont pour la première fois franchi le milliard de dollars (1 Md€) sous l’effet d’une hausse de 13%.

“L’industrie de la musique live a atteint de nouveaux sommets en 2023, et la demande a continué de croître. Le digital renforce la capacité des artistes à développer leurs audiences, tout en incitant plus que jamais les spectateurs à vouloir vivre les expériences en live” a déclaré Michael Rapino, President and CEO de Live Nation.

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