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Marché musique France ; Résultats WMG et Deezer ; Nominations Sony Music et La Défense Arena ; Golden Coast festival ; Oasis et le dynamic pricing ; Interview programmateur Printemps de Bourges...

L'actualité du music business

MUSIQUE, BUSINESS, ÉCONOMIE.

Le chiffre d’affaires généré par la consommation de la musique en France a continué de croître au premier semestre 2024, avec une progression de 5,9%. La croissance est cependant moindre par rapport à l’année précédente (+9,4%). La prospérité du marché français de la musique enregistrée est toujours plus dépendante du streaming premium, qui rapporte certes davantage en raison de la hausse des grilles tarifaires des plateformes leaders et des souscriptions d’abonnement. L’accélération de la croissance du streaming premium se heurte néanmoins à la faible augmentation des nouveaux abonnés, pour des raisons liées aux habitudes de consommation comme à la conjoncture économique.

La consommation de la musique en France a généré un chiffre d’affaires global de 415 millions d’euros au premier semestre 2024. La croissance de 5,9% équivaut à une hausse de 23 millions d’euros. Le niveau des revenus du marché français de la musique enregistrée a progressé de 48% depuis 2020. Les artistes français et francophones boostent la consommation de la musique et donc la hausse des revenus. 70% des albums dans le top 200 et 16 albums dans les 20 meilleures ventes sont interprétés par des artistes français et francophones, et produits par des labels français. L’album “Chambre 140” de PLK (label Panenka / Wagram) est n°1 sur la période avec 177 000 ventes.

Le bilan du Snep, syndicat des majors et d’autres labels, précise que le chiffre d’affaires relatif au premier semestre représente 40% du total de l’année. Ce qui s’explique entre autres par l’augmentation de la consommation de la musique en période des fêtes de fin d’année, qui profite principalement au back catalogue générant plus de revenus que les nouveautés, ainsi que par les sorties d’albums importantes des principaux labels à l’automne, dans les genres chanson et rap.

Le streaming premium en hausse de 11% avec 258 M€ de CA

Globalement, le streaming a rapporté 327 millions d’euros (+10%), soit 30 millions de plus en un an. 66 milliards d’écoutes ont été recensés durant le premier semestre 2024, 10% de plus en un an, dont 53 milliards de streams premium. Le volume des streams a progressé de 20 milliards en trois ans, et celui des streams premium de 16 milliards.

La progression du marché a été assurée par le streaming premium, qui a rapporté 258 M€ (+11%) soit 26 M€ de plus en un an, avec une part de 62% des revenus du marché.

Ralentissement de la croissance globale

Cependant, la croissance globale a ralenti par rapport à l’année 2023, d’abord en raison de la faible augmentation des revenus générés par le streaming financé par la publicité, du streaming vidéo, ainsi que des ventes physiques. Le chiffre d’affaires généré par le streaming financé par la publicité est de 38 M€ (+6%), soit 2 M€ de plus en un an contre 8 M€ en 2023, et celui du streaming vidéo de 31 M€ (+5%) soit une hausse de 1,5 M€.

Les revenus en provenance des ventes physiques ont baissé de 6,8% au cours du premier semestre 2024, passant de 88,5 à 82,4 M€, après une hausse de 8 M€ l’an dernier. Les ventes de vinyles ont été stables, avec 41 M€ de chiffre d’affaires, surpassant pour la 1ère fois depuis les années 80 les ventes de CD qui ont baissé de 8 M€ (-13%), à 43,5 M€.

La croissance du marché est également plus faible qu’attendu en raison de la lente progression des souscriptions d’abonnements aux plateformes. « Nous constatons des résultats encourageants mais ils devraient être meilleurs, en particulier ceux des abonnements aux services de streaming, au regard du chemin qu’il reste à parcourir pour atteindre un niveau de maturité satisfaisant” concède Alexandre Lasch, directeur général du Snep.

Le streaming est certes répandu dans les habitudes d’une partie des consommateurs, mais l’accélération de la hausse des abonnés premium se heurte à plusieurs obstacles. En premier lieu, le manque de consentement à payer d’une partie des fans et consommateurs, pour diverses raisons dont l’attachement aux offres gratuites avec le streaming financé par la publicité ainsi que leur attractivité. Certains des principaux dirigeants de l’industrie de la musique au niveau mondial considèrent d’ailleurs que l’expérience sur le streaming “gratuit” devrait être moins qualitative, dans l’optique de convertir davantage d’utilisateurs vers le premium en les incitant à souscrire à un abonnement.

Le contexte de crise économique impactant le pouvoir d’achat des consommateurs fait également partie des facteurs pénalisant la croissance de streaming premium. S’y ajoutent aussi la concurrence faites aux artistes et à la musique par les plateformes et personnalités de tous horizons, sur les réseaux sociaux dont TikTok et Instagram comme sur les plateformes vidéos (Netflix, Prime Video).

La France est désormais dotée d’un premier festival consacré au rap, 50 ans après la naissance du hip hop aux États-Unis. Golden Coast a rassemblé exactement 52 000 spectateurs à Dijon pour sa 1ère édition les 13 et 14 septembre, d’après les chiffres communiqués à MUSICBIZ. Un succès indéniable, compte tenu de la totalité des billets vendus pour les deux journées, des retours du public, et de l’organisation qui s’est déroulée sans encombres. Les organisateurs envisagent la 2ème édition avec optimisme et ont de grandes ambitions, en termes de développement, de croissance des recettes, de rentabilité.

Près de 50 000 billets ont été vendus pour le festival Golden Coast. Un chiffre confirmé par les organisateurs à MUSICBIZ, excluant les 2 000 invités et accrédités. Booba, SDM, Ninho, la Fonky Family et Josman étaient les têtes d’affiche du festival. “Nous sommes plus que contents avec l’équipe et nos partenaires Combat, Believe et Play Two. Cette première édition est plus que positive, avec de bonnes ventes de billets, un engouement du public, des artistes, des médias” commente Christian Allex, directeur du festival.

Ce pari gagnant est l’aboutissement d’un projet démarré il y a plusieurs années, parti de la volonté de répondre à une réelle demande, et de rectifier l’absence de festival 100% rap en France, comme il existe aux États-Unis (Rolling Loud), en Angleterre (Wireless), en Belgique (Les Ardentes). ”On ne comprenait pas qu’il n’y ait pas un grand évènement purement dédié au hip-hop en France. On a donc commencé à travailler sur le festival en 2020, au début du Covid. On ne savait pas trop ce que notre métier allait devenir, ni ce qu’on allait faire, alors on a profité de ce temps d’arrêt pour commencer ce projet auquel on pensait depuis un moment” explique Christian Allex.

Trois ans plus tard, le projet s’est concrétisé, à l’été 2023, avec l’avancée des négociations avec Believe et Play Two, et un accord conclu en juillet. Un autre partenaire potentiel intéressé, s’est finalement retiré, Live Nation France. L’annonce de la création de Golden Coast à l’automne 2023 avait suscité un engouement rarement vu pour un festival, qui s’est confirmé dès la mise en vente des billets. Fin juillet, soit un mois et demi avant l’évènement, 90% des pass 2 jours avaient été vendus, et plus de 75% des pass 1 jour.

70% de festivaliers venus hors de la région

Sur les 50 000 festivaliers, 70% provenaient d’une région extérieure à la région Bourgogne-Franche-Comté, soit 35 000 spectateurs. 50% du total des spectateurs sont venus depuis la région parisienne. “Après Paris, Lyon et le sud, il y a eu des festivaliers venus de toute la France, d’Angleterre, du Canada… Ce qui confirme que tout le monde voulait bien un festival de rap en France” se réjouit Christian Allex. L’importance des publics provenant des régions extérieures préfigure de la marge de progression possible pour la fréquentation du festival, autant en provenance des principales villes, que de la région et des alentours. “Il y a donc un gros appel des publics extérieurs, et en même temps cela nous oblige à fédérer autant en local, il y a donc des publics à aller séduire” relève le directeur de Golden Coast.

La venue de plus de 30 000 spectateurs résidant hors de la région a évidemment profité aux secteurs du tourisme, de l’hôtellerie, de la restauration, compte tenu des dépenses des festivaliers en termes de transport, de logement, d’alimentation, de consommation. La contribution du festival à l’économie du territoire est d’ores-et-déjà conséquente. “Le festival a effectivement eu des retombées économiques assez fortes, puisque les hôtels et les trains étaient bien remplis. Ce sont des publics complémentaires aux touristes notamment les seniors qui sont nombreux dans la région Bourgogne à cette période. Nous rencontrons bientôt les partenaires et acteurs locaux pour évaluer et estimer avec exactitude ces retombées” confirme Christian Allex.

5 millions d’euros de budget

Pour la 1ère édition, Golden Coast disposait d’un budget d’envergure, 5 millions d’euros. Le festival est principalement financé par les recettes propres, entre ventes de billets et sponsoring entre autres. La billetterie représente plus de 75% du budget global soit environ 3,5 millions d’euros. “Nous avons eu le soutien de Dijon Métropole, avec une subvention équivalente à 8-10% de notre budget” ajoute le directeur de l’évènement. Les revenus tirés du sponsoring par les marques et entreprises sont équivalents à 10% du budget, soit 500 000 euros.

Augmentation des recettes propres

Le développement des recettes propres fait partie des principaux objectifs pour la 2ème édition. L’ajout d’un 3ème jour, que les associés ont acté fin septembre, devrait grandement contribuer à garantir l’augmentation des revenus et à garantir l’indépendance du festival. Les organisateurs misent également beaucoup sur la croissance des recettes de sponsoring, en raison de l’attractivité du festival notamment auprès des marques, du fait de la présence de dizaines de milliers de jeunes publics, et d’un public multigénérationnel, multiculturel. “Nous pensons pouvoir fédérer et fidéliser un certain nombre de marques et entreprises, de sorte à doubler l’enveloppe des partenariats l’année prochaine” estime Christian Allex. La banque LCL a sponsorisé le festival, dans le cadre d’une stratégie visant à gagner en attractivité auprès des jeunes, et d’une contre-offensive face au Crédit Mutuel sur le terrain de la musique, la banque qui « donne le La » étant massivement présente dans les festivals.

La rentabilité, condition sine qua none pour la pérennité

La 1ère édition a certes été un succès sur le plan de la fréquentation, de l’engouement, de l’expérience des festivaliers et des artistes, mais elle a été largement déficitaire sur le plan financier. “Avec une jauge de remplissage autour de 100%, nous avons perdu énormément d’argent, d’abord parce que le festival a eu lieu sur deux jours, mais nous nous y attendions. Un festival coûte tellement cher à organiser que si nous voulons qu’il soit rentable ou au moins à l’équilibre, il nous faut l’organiser sur le plus de jours possibles” concède Christian Allex. Les organisateurs ont néanmoins la rentabilité en ligne de mire, et ce à court-terme. Ce qui serait un exploit pour un nouveau festival. « Nous pensons atteindre la rentabilité d’ici la 3ème édition. Nous avons tout de même déjà une bonne maîtrise de nos dépenses, et dès la 2ème édition, nous en aurons une meilleure. L’ajout d’un 3ème jour devrait nous permettre de bien diminuer nos pertes, cette édition sera donc stratégique” précise Christian Allex, directeur du festival Golden Coast. Outre l’inflation et la prééminence des cachets des artistiques, le festival a d’office fait face à d’importants coûts sur les postes de sécurité et de sûreté, qui représentent entre 25 et 30% des dépenses.

La pérennité du festival Golden Coast n’est donc pas encore garantie. La nette croissance de la fréquentation, qui se produira mécaniquement avec l’ajout d’un 3ème jour, devrait permettre d’optimiser les recettes. De même que l’augmentation du nombre de marques et entreprises parmi les sponsors. Cependant, pour s’inscrire dans la durée, et s’ancrer dans le paysage des festivals, la rentabilité se devra doit être atteinte ou au moins proche à moyen terme. Une condition sine qua none pour que le festival se poursuive au-delà de trois éditions.

La plateforme française est à l’épreuve de l’accélération de la croissance, mais tient ses prévisions sur le plan financier. Les résultats du premier semestre communiqués aux investisseurs confirment certes la progression continue des revenus, et la réduction des pertes de l’entreprise. Deezer réalise cependant des contre-performances sur le plan des abonnements. Son nombre d’abonnés a globalement stagné au 2ème trimestre, malgré un gain de 100 000 abonnés en France.

L’augmentation des souscriptions d’abonnements à Deezer a marqué un coup d’arrêt durant le 2ème trimestre 2024. La plateforme de streaming annonçait à nouveau 10,5 millions d’abonnés, comme au premier trimestre. Le nombre d’abonnés a globalement augmenté d’1,2 million sur un an. Une progression principalement liée à la hausse des souscriptions via les partenariats, passés de 3,7 à 5 millions en un an.

Perte de 200 000 abonnés à l’international

Deezer a perdu 100 000 abonnés en un an, en termes de souscriptions directes. 5,5 millions de personnes paient un abonnement via la plateforme ou l’application mobile. Le nombre d’abonnés en France est de 3,7 millions, comme au 1er trimestre, ce qui confirme une stagnation au 2ème trimestre. A l’échelle internationale, en excluant la France, Deezer a perdu 200 000 clients, et revendique 1,8 million d’abonnés.

Le chiffre d’affaires en hausse de 15%

Les indicateurs financiers de la plateforme sont toutefois positifs. Le chiffre d’affaires de Deezer pour le premier semestre 2024 est de 267,9 millions d’euros, avec une hausse de 34 millions d’euros soit 15%. En France, la plateforme de streaming a encaissé 154 millions d’euros, soit 57% de son chiffre d’affaires global, et 113 M€ à l’international. Les revenus ont augmenté de 8,5% en France, et de 25% à l’international.

La hausse des prix sur les abonnements vendus en direct a contribué à faire croître les revenus sur ce segment qui ont atteint 171,5 M€ (+4%). Le revenu moyen par utilisateur (ARPU) est de 5,1 euros, contre 4,8 euros un an auparavant (+6%). Deezer a gagné 86,9 M€ sur les abonnements souscrits via ses partenaires, avec une hausse de 24,5 millions sur un an (+39%).

La plateforme de streaming continue néanmoins de progresser sur le terrain de la rentabilité. Le résultat EBITDA (earning before interests and taxes) de l’entreprise est en négatif de 5 millions d’euros, contre 13 M€ un an auparavant. Deezer a réduit ses pertes nettes de près de 20 millions d’euros, passant de 38 à 19 millions d’euros.

“L’entreprise est sur le chemin vers la rentabilité, nous sommes fiers de ces avancées. Deezer occupe une place singulière dans l’écosystème, en soutenant les artistes, les auteurs et les ayants droit à travers des initiatives basées sur la transparence, l’équité, et l’innovation sur le marché du streaming” a réagi Stu Bergen, CEO de Deezer par interim jusqu’au 1er septembre 2024.

Deezer maintient son objectif d’une croissance de 10% de son chiffre d’affaires global en 2024.

La saison des festivals à peine terminée, le Printemps de Bourges vient d’annoncer les premiers artistes programmés pour son édition 2025. Tiakola, Clara Luciani, Jean-Louis Aubert, et Oboy seront parmi les têtes d’affiche sur la scène principale du premier grand festival de l’année. MUSICBIZ entame à cette occasion une série inédite d’interviews avec des programmateurs de festivals, pour faire connaître ce métier, et pénétrer les coulisses de ces évènements d’envergure, indispensables à la prospérité du secteur du live, pour les entreprises comme pour les artistes. Entretien avec Jean-Michel Dupas, programmateur du Printemps de Bourges depuis 2014. Il évoque l’élaboration de la programmation du festival, son approche du métier dans un contexte toujours plus concurrentiel et exigeant, ainsi que les hausses des cachets d’artistes.

MUSICBIZ : Le métier de programmateur est peu connu, vous l’exercez depuis 30 ans. Comment est née votre vocation ?

Jean-Michel Dupas: Comme beaucoup, c’est d’abord la passion de la musique, avec une initiation au rock dès 10 ans. L’organisation et la programmation sont des métiers à part, avec des parcours plus atypiques. Il n’y a pas de véritable formation, sachant qu’au début des années 90 ce n’était pas aussi professionnalisé. C’est un métier spécial, pas toujours facile, et avec beaucoup de subjectivité mais qui demande une réelle maîtrise du “marché”.

Quand démarrez-vous l’élaboration de la programmation du Printemps de Bourges et quelles en sont les grandes étapes ?

Nous commençons dès le mois de juin. Tout part d’une grille de travail avec divers critères, dont le respect du budget alloué par soir et par salle, la cohérence du plateau d’artistes, et celle du spectacle avec la salle. La particularité est que nous avons de 12 à 14 lieux différents allant de 80 à 10 000 places.

On essaie en même temps d’anticiper sur l’actualité, en programmant des artistes qui vont sortir leurs albums, auront une actualité juste avant Bourges, ou même que nous avons vus dans des festivals à l’étranger. L’idée étant toujours d’être une photographie de ce qui se fait en musiques actuelles, on ne peut pas non plus trop anticiper.

Pour l’édition 2024, pour la scène principale (le W), nous sommes partis d’une cinquantaine d’artistes pour arriver à une vingtaine. C’est variable en fonction des années, des lieux.

Il nous faut rendre la programmation des principaux lieux avant fin novembre et celle des autres mi-janvier. La grille évolue chaque semaine avec des noms qui s’y rajoutent et s’enlèvent… Il nous arrive de rajouter des noms une semaine avant le bouclage. Tous les artistes et les groupes ne sont pas forcément prêts, disponibles ou accessibles.

“Les tournées se montent de plus en plus à l’avance par rapport à il y a 5 ou 10 ans”

Comment vous vous coordonnez avec les autres équipes du festival, après signature avec l’artiste et ses partenaires ?

Une fois le deal confirmé, il y a toute la partie administrative autour des informations, données et conditions. Le service communication travaille ensuite sur la promotion, avec les annonces de mise en vente des billets.

Très vite nous avons des réunions poussées avec le service technique pour leur expliquer l’esprit du plateau, définir les ordres de passage et les horaires, organiser les changements de plateau pouvant être de 15 ou de 45 minutes. L’artistique est intimement lié à la production et la technique.

Quelle place tient l’anticipation dans votre métier de programmateur ? Est-ce récurrent de vous positionner sur les têtes d’affiche plus d’un an avant, pour des raisons de concurrence, d’agendas, de singularité, voire d’exclusivité ?

C’est justement de moins en moins rare. Les tournées se montent de plus en plus à l’avance par rapport à il y a 5 ou 10 ans.

Pour autant, les artistes que l’on cible un an et demi ou deux ans avant ne sont pas si nombreux. Il est vrai que nous étions déjà positionnés sur 3 à 4 artistes pour l’édition 2024, alors que l’édition 2023 n’a pas encore eu lieu. Nous savions que c’était le moment de le faire, que ces artistes et leurs équipes montaient leur planning.

On anticipe aussi sur les créations pour 2025, en faisant dès à présent des rendez-vous avec des artistes.

“Parfois, les paris ne sont pas les bons, et c’est aussi ce qui fait le charme du métier”

La prise de risque est-elle toujours aussi importante pour un programmateur de festival en 2024, avec les réseaux sociaux et les plateformes de streaming ?

70% des artistes que nous programmons sont des artistes émergents, avec juste un premier album, un EP ou quelques titres.

Chaque année, nous prenons des paris avec des artistes que nous n’avons pas vus mais qui nous intéressent.

Nous avions programmé Pierre de Maere en tête d’affiche du théâtre Jacques Coeur dès septembre 2022, il était très peu connu.

Parfois, les paris ne sont pas les bons, et c’est aussi ce qui fait le charme du métier. Les réussites ne peuvent être savourées que si elles s’accompagnent d’échecs.

“Un certain nombre de cachets d’artistes ont été multipliés par 10, voire plus”

Les cachets d’artistes sont régulièrement évoqués par les organisateurs de festivals, qui dénoncent leur augmentation incessante au fil des années. Quel est votre constat ?

En une dizaine d’années, un certain nombre de cachets d’artistes ont été multipliés par dix, et même plus pour d’autres…

On pensait avoir atteint des sommets avec la pandémie, mais non, ça a continué d’exploser. Et je pense qu’on est encore au début, chaque année on atteint un seuil qui est dépassé l’année d’après.

Certains cachets sont justes par rapport à la valeur économique des artistes, et d’autres sont disproportionnés.

A terme, je pense qu’il y aura plusieurs divisions de festivals avec les principaux détenus par les groupes, les festivals avec quelques noms seulement notamment par manque de moyens, et les autres festivals qui essayeront de vivoter avec des artistes alternatifs. On se dirige vers une uniformisation des festivals.

Warner Music poursuit son cheminement vers une croissance durable de ses revenus, et surtout une meilleure rentabilité de ses activités. La major de la musique basée à New York a certes enregistré une légère baisse de son chiffre d’affaires, mais une croissance à deux chiffres de son résultat et son bénéfice au cours du 2ème trimestre 2024. Dua Lipa, Benson Boone, Zach Bryan et Teddy Swims sont parmi les artistes qui ont réalisé les meilleures performances en termes de ventes, et boosté l’activité de WMG.

Le chiffre d’affaires de Warner Music au 2ème trimestre 2024 est d’1,55 milliard de dollars soit 1,44 milliard d’euros, en recul de 1% soit 10 M$ par rapport à l’année précédente, d’après les résultats communiqués aux investisseurs. Les revenus s’élèvent à 1,25 Md$ (1,16 Md €) sur le segment de la musique enregistrée correspondant aux activités de production, distribution et services aux artistes et labels, avec une baisse de 30 M$ sur un an (-2%). WMG communique cependant un chiffre d’affaires global de 3,88 milliards $ (3,62 Md €) pour les neuf premiers mois son année fiscale (1er octobre – 30 juin), en hausse de 6% en un an soit 221 millions $ (206 M€).

1 milliard de dollars de CA pour le digital et le physique

Les ventes physiques et le digital ont généré un total d’1 milliard de dollars soit 935 millions d’euros au 2ème trimestre 2024, en progression de 30 millions $ soit 3% sur un an. 882 M$ (823 M€) ont été encaissés sur le segment digital (+36 M$ soit +4%) et 120 M$ (111 M€) sur le physique (-6 M$). WMG précise dans ses résultats que les revenus en provenance du streaming premium ont augmenté de 7%, sous l’effet des “performances des sorties et catalogues ainsi que des tendances positives du marché” selon Robert Kyncl, CEO.

Les services aux artistes ont rapporté 159 M$ soit 138 M€, 59M$ de moins par rapport à l’année précédente, correspondant à un recul de 27%. La chute des revenus sur ce segment est la principale raison de la baisse globale des revenus de WMG dans le secteur de la musique enregistrée. En causse, la baisse des ventes de merchandising, ainsi que des revenus sur le live en France et au Japon. Les revenus sur relativement stables sur les licences avec 90 M$ (-2 M$).

L’activité de l’édition a rapporté 305 millions de dollars (289 M€), en hausse de 22 M$ soit 8%. Le digital a rapporté 194 M$ (+12 M$), les droits au titre de l’exécution publique 52 M$ (+12 M$), et la synchronisation 42 M$ (+1 M$). Le chiffre d’affaires de WMG sur les neuf premiers mois son année fiscale est de 915 millions de dollars soit 853 millions d’euros, en hausse de 25 M$ soit 16%.

Le bénéfice net en hausse de 14%

Le résultat opérationnel de Warner Music pour le 2ème trimestre 2024 est de 207 millions de dollars (193 M€), en hausse de 10%. L’entreprise basée à New York a enregistré un bénéfice net de 141 M$ (131 M€) sur la même période (+14 %), tandis qu’il s’élève à 430 millions de dollars soit 401 millions d’euros sur les neufs premiers mois avec une hausse de 51%. “L’augmentation de la marge et la croissance des liquidités disponibles sont le résultat de la progression du streaming et d’une maitrise des coûts de structure”, considère Bryan Castellani, Chief Financial Officer de Warner Music.

“Nous développons la prochaine génération d’artistes et auteurs, de sorte à renouveler notre catalogue emblématique, et travaillons avec nos partenaires pour faire croître la valeur de la musique. Notre engagement pour le développement des artistes sur le long terme, combinée à une structure favorable du marché de la musique enregistrée, nous permettront d’accompagner au mieux nos talents et de positionner WMG sur une le chemin d’une croissance durable” a déclaré Robert Kyncl, CEO de Warner Music Group.

MUSICBIZ ajuste les taux de conversion en euros de chaque trimestre à celui en vigueur pour la période en question, pour s’assurer de la justesse des chiffres en raison de la volatilité des taux de change.

Le groupe britannique Oasis fera son comeback sur scène en 2025, 15 ans après sa dernière tournée. Lors de la mise en vente des billets pour la tournée au Royaume-Uni, le groupe a suscité de vives critiques de la part de milliers de fans, en raison de l’indisponibilité des billets malgré des heures d’attente, et de la hausse des prix provoquée par le dynamic pricing appliqué par la plateforme Ticketmaster. Cette stratégie, consistant à faire varier le prix des billets selon la demande, ne sera pas répliquée pour la tournée américaine du groupe de rock.

La tournée d’Oasis sera parmi les grands succès de l’année 2025 en termes de recettes et de nombre de billets vendus. 19 concerts sont prévus au Royaume-Uni et en Irlande en juillet et août prochains, dont sept au Wembley Stadium de London (capacité maximale de 90 000 places) et cinq au Heaton Park de Manchester (80 000 places), plus grand parc d’Europe. “Les étoiles se sont alignées. L’attente est terminée. Venez. Ce ne sera pas diffusé en direct” a déclaré le groupe de rock à ses 2 millions d’abonnés sur Instagram, dans un post totalisant 1,5 million de likes et 24 000 commentaires. Oasis a par ailleurs assuré qu’ils ne seraient programmés dans aucun festival en Europe en 2025, pas même Glastonbury en Angleterre. La tournée est produite par Live Nation et SJM Concerts, une société de production majeure au Royaume-Uni.

Des prix triplés pour les concerts au Royaume-Uni

Les billets ont tous été vendus le jour de la mise en vente, le 31 août. Comme lors d’un certain nombre de grandes tournées, la demande était supérieure au nombre de billets disponibles. Des milliers de fans se sont plaints, soit de ne pas avoir obtenu de billets malgré des heures d’attente sur la plateforme Ticketmaster, soit du prix des places. En cause, la stratégie du “dynamic pricing”, consistant à augmenter le prix des billets lorsque la demande est particulièrement élevée. Certains billets basiques (debout) étaient proposés à 350 voire 400 pounds sterling soit 478 euros, alors que le prix de départ était de 150 pounds (179 euros). Les prix de certains billets ont donc quasiment triplé.

Une pré-vente avait pourtant été mise en place la veille de la vente générale, avec l’objectif de “garantir un accès équitable aux billets pour le maximum de fans”. Les clients devaient d’abord s’inscrire et recevaient le lien puis un code pour accéder à la file d’attente sur Ticketmaster afin d’acheter des billets. Une pratique censée permettre de lutter contre le marché noir de la billetterie, en identifiant les clients, et de fluidifier l’expérience pour les acheteurs de billets en réduisant l’attente.

Lutte contre le marché noir

Le groupe a malgré tout publié un post préventif contre le marché noir, et confirmé que la revente pouvait se faire uniquement au prix d’achat et via Ticketmaster et Twickets, une plateforme officielle de revente.

Le 30 septembre, le groupe britannique et Live Nation ont annoncé une tournée américaine de 5 dates, dont trois aux États-Unis, une au Canada et une au Mexique. A la différence de la tournée au Royaume-Uni, Oasis a déclaré que le dynamic pricing ne serait pas activé par Ticketmaster lors de la mise en vente des billets. “Le dynamic pricing de Ticketmaster demeure utile pour lutter contre le marché noir, et pour maintenir les prix à des niveaux plus bas que le marché pour un certain nombre de fans et donc les rendre plus accessibles. Mais, lorsqu’une telle demande sans précédents est combinée à une technologie ne pouvant y répondre, elle devient moins efficace et peut conduire à une expérience inacceptable pour les fans. Nous avons donc pris cette décision pour la tournée nord-américaine pour espérer éviter les problèmes que les fans au Royaume-Uni et en Irlande ont rencontrés”. Un certain nombre d’acheteurs de billets se sont néanmoins plaints du prix des places pour la tournée américaine.

La déclaration publiée sur Instagram, avec 166 000 likes en quatre jours, a néanmoins suscité des milliers de critiques de la part des fans, en particulier au Royaume-Uni, s’estimant lésés voire arnaqués. De nombreux fans demandent le remboursement de la différence entre le prix de départ, et celui finalement payé sur la plateforme Ticketmaster. Plusieurs affirment avoir payé un surplus de 200 voire 300 pounds.

Antoine Dathanat succède à Nicolas Galibert en tant que Président de la filiale française de Sony Music Publishing.

Sony Music Publishing France, une des principales sociétés d’édition, est à présent dirigée par Antoine Dathanat. Promu à ce poste à compter du 1er octobre, il avait rejoint l’entreprise en 2018 en tant que “Head of A&R”. “Nicolas Galibert laisse a Sony Music Publishing France un héritage fort et varié, ainsi qu’une équipe opérationnelle qui défend ardemment nos artistes, du passé, du présent et du futur. Nous serons force de proposition pour faire vivre le catalogue partout et durablement. J’ai hâte de commencer ce nouveau chapitre avec l’équipe , pour faire grandir des talents sur scène mais aussi derrière la scène, en m’assurant que l’artistique et le créatif soient au centre de tous les enjeux qui nous traversent” déclare Antoine Dathanat à MUSICBIZ.

Il rendra compte au President pour l’international de Sony Music Publishing, Guy Henderson, qui dit être “ravi qu’Antoine Dathanat prenne les rênes de la filiale française de Sony Music Publishing, qui a émergé comme un des territoires les plus importants à l’échelle internationale”.

Sony Music Publishing précise qu’Antoine Dathanat est chargé de “superviser l’activité sur le plan artistique ainsi que les opérations commerciales au sein du marché français”, avec pour missions “le renforcement des relations majeures avec les clients et partenaires de l’industrie”, et “l’extension de l’accompagnement des auteurs”.

Antoine Dathanat prend le relais de Nicolas Galibert, qui avait rejoint la société en 1991, et prend sa retraite après 40 ans de carrière dans l’industrie de la musique.

Sony Music Publishing France compte les artistes Gims, Ninho, Julien Clerc, Slimane, Clara Luciani au sein de son catalogue.

Le principal transfert de la rentrée dans le music business en France s’est fait du côté du live. Laurent de Cerner a quitté son poste de Président de l’Olympia pour rejoindre Paris La Défense Arena.

La plus grande salle de concert d’Europe, Paris La Défense Arena, est désormais dirigée sur le plan opérationnel par Laurent de Cerner. Il a été nommé Directeur Général délégué en septembre par le Président Frédéric Longuepée, et la Vice-Présidente Bathilde Lorenzetti.

“C’est avec beaucoup d’enthousiasme que je démarre cette nouvelle aventure au sein d’un lieu aussi emblématique. L’avenir promet d’être passionnant, et je suis impatient de contribuer au développement et à l’essor de Paris La Défense Arena!” a déclaré Laurent de Cerner.

Laurent de Cerner a fait l’essentiel de sa carrière au sein du groupe Vivendi, dont l’actionnaire principal est le groupe Bolloré. Il était depuis 2016 Président de l’Olympia, salle mythique détenue par Vivendi. Il a dans le même temps été Directeur général de la plateforme de billetterie See Tickets France, autre filiale du groupe, de fin 2022 à début 2024. ”Ce fut une expérience humaine et professionnelle des plus enrichissantes, et je suis fier du chemin parcouru à leurs côtés” a ajouté Laurent de Cerner.

En parallèle, Raphaëlle Plasse a été promue Directrice Générale adjointe de Paris La Défense Arena, en charge de la programmation et de l’exploitation. Elle était depuis octobre 2020 Directrice de la programmation, après en avoir été la responsable durant quatre ans.

“J’ai eu la chance de participer à ce projet fou : l’ouverture de Paris La Défense Arena avec 3 concerts mythiques des Rolling Stones ! S’en est suivi 7 ans de challenges, de rencontres et d’expériences exceptionnelles” s’est réjouie Raphaëlle Plasse.

Paris La Défense Arena dispose d’une capacité allant jusqu’à 40 000 places pour les concerts. La salle est détenue par le groupe Ovalto, fondé par Jacky Lorenzetti, homme d’affaires franco-suisse, parmi les plus grandes fortunes de France.

TOP ALBUMS FRANCE : MYLÈNE FARMER N°1 AVEC 36 704 VENTES

semaine du 27 septembre - 3 octobre

ARTISTE

ALBUM

LABEL

1. MYLENE FARMER *
36 704 ventes

Nevermore live 🆕

Sony Music 🇫🇷

2. SDM

A la vie à la mort 🆕

92i ; Capitol / Universal 🇫🇷

3. TIAKOLA *

BDLM

Atlantic / Warner 🇫🇷

4. INDOCHINE *

Babel babel

Sony Music 🇫🇷

5. GIMS

Le nord se souvient

Play Two 🇫🇷

6. ULTRAVOMIT

Ultravomit et le pouvoir 🆕

Verycords / Warner 🇫🇷

7. BOUSS

Depuis le temps

Believe 🇫🇷

8. JEAN-LOUIS AUBERT

Pafini

Parlophone / Warner 🇫🇷

9. NOUVELLE ÉCOLE

Saison 3

Netflix Music 🇫🇷

10. BILLIE EILISH

Hit me hard

Republic / Universal

*artistes producteurs 
🇫🇷 production made in France 
© snep / occ

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