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Cachets des artistes en festivals ; Fusion Downtown x Universal ; Nouvelles fonctionnalités TikTok ; Retombées économiques de Beyoncé à Paris...

L'actualité du music business

MUSIQUE, BUSINESS, ÉCONOMIE.

LES AIDES AUX FESTIVALS BIENTÔT CONDITIONNÉES POUR ENDIGUER LA HAUSSE DES CACHETS DES ARTISTES HEADLINERS ?

La hausse des cachets des artistes programmés en festivals est régulièrement discutée entre les principaux dirigeants du secteur du live, à l’occasion des évènements B2B comme lors de discussions informelles. Du point de vue des organisateurs de festivals, la plupart des cachets des artistes headliners sont trop élevés, et ne cessent d’augmenter. Alors que la saison des festivals bat son plein, le ministère de la Culture s’empare du sujet et vient d’annoncer que des propositions seraient formulées pour consolider les “pratiques vertueuses“. Une évolution des critères associés aux aides aux festivals est en réflexion. En vérité, cette manoeuvre du ministère de la Culture et du Centre national de la musique vise clairement à endiguer la hausse des cachets des artistes headliners.

La rémunération des artistes headliners programmés en festivals est un sujet à la fois clivant et tabou dans le music business. Et ce pour des raisons évidentes: la confidentialité des montants payés par les festivals aux artistes, la concurrence entre les artistes, ainsi que les stratégies d’attractivité et de rentabilité. Par définition, les intérêts respectifs des divers acteurs sont opposés. Les organisateurs de festivals doivent être à l’équilibre à défaut de parvenir à la rentabilité, les artistes souhaitent le meilleur cachet possible pour compenser le manque à gagner sur la musique enregistrée, les sociétés de production live ont pour objectif d’amortir leurs investissements, les agences de booking et les managers misent sur les festivals pour augmenter leur chiffre d’affaires.

Une augmentation incessante depuis plusieurs années

Les organisateurs de festivals s’accordent à dire que les cachets des artistes headliners (et même ceux des artistes intermédiaires) ont considérablement augmenté depuis 2018-2019, et ont littéralement explosé depuis la reprise des concerts et festivals en 2022. Ils estiment que ces cachets nuisent à l’équilibre et la rentabilité des festivals, et certains d’entre eux souhaiteraient même qu’ils soient en quelque sorte plafonnés.

Les artistes headliners ainsi que les sociétés de production et agences de booking qui finalisent les deals considèrent que les montants demandés sont justifiés, en raison des billets vendus par les organisateurs de festivals lorsqu’ils sont annoncés à la programmation, des sponsors attirés et des marques présentes, ainsi que des dépenses des festivaliers pour la restauration et les boissons.

Durant la crise sanitaire et économique, un accord officieux avait même été passé entre un certain nombre d’organisateurs de festivals et de producteurs live et agents pour ne pas trop augmenter les cachets des artistes headliners et des artistes intermédiaires. Mais à la reprise des concerts et festivals en 2022, les montants demandés et payés sont repartis à la hausse, pour compenser les pertes, garantir la rentabilité des entreprises, assurer des revenus conséquents aux artistes, ou encore obtenir l’exclusivité de certains headliners.

Accessibilité des festivals

Depuis la reprise, de nombreux organisateurs de festivals alertent sur l’inflation des coûts, notamment dans les domaines de la technique, la sécurité et la sûreté, ainsi que sur l’impact sur l’équilibre et la rentabilité de leurs activités. À présent, ils sont de plus en plus nombreux à évoquer de manière plus ou moins explicite et assumée que les cachets des artistes entrent aussi dans l’équation de l’inflation. Certains organisateurs de festivals majeurs plaident pour que les festivals restent accessibles pour tous les publics, avec des billets à prix raisonnables. Ce qui, de leur point de vue, nécessite d’enrayer la hausse des cachets des artistes, en particulier des headliners.

Néanmoins, en raison des intérêts respectifs des organisateurs de festivals, des artistes, des sociétés de production live, des agences de booking et des managers, un consensus s’avère impossible pour parvenir à un équilibre entre rentabilité, attractivité et accessibilité. À défaut d’un accord de filière, une des options restantes est donc la régulation. Rachida Dati a régulièrement affirmée être sensible aux difficultés rencontrées par les festivals et fait part de sa volonté qu’ils soient accompagnés et soutenus.

Régulation du marché

Et bien que le Gouvernement ne peut réguler le marché de manière directe, les aides attribuées par le ministère de la Culture et par le Centre national de la musique sont essentielles pour le financement festivals. C’est ce levier qui pourrait être actionné, par le biais d’une évolution des critères associés aux aides aux festivals.

Lors de sa venue au festival les Francofolies de La Rochelle, Rachida Dati a annoncé aux représentants des professionnels que des “propositions concrètes“ seraient prochainement formulées. “La réflexion portera notamment sur la façon dont les critères d’aide pourraient être adaptés, pour évaluer à la fois la place accordée aux artistes émergents ou peu médiatisés dans les programmations, et le degré de concentration des budgets artistiques sur un nombre restreint d’artistes à forte notoriété“ précise le ministère. L’objectif annoncé est “de mieux prendre en compte les pratiques vertueuses en matière de diversité artistique et de rémunération des artistes“.

En d’autres termes: les aides attribuées aux festivals par le Centre national de la musique et le ministère de la Culture pourraient être conditionnées, pour contraindre les organisateurs à limiter les dépenses relatives aux cachets des artistes headliners. Une évolution qui chamboulerait non seulement les négociations entre les organisateurs de festivals et les sociétés de production ainsi que les agences de booking et les managers représentant les artistes, mais également les choix de programmation des festivals.

Jason Moreau, Executive Editor, MUSICBIZ

RACHAT DE DOWNTOWN PAR UNIVERSAL MUSIC: UNE ENQUÊTE APPROFONDIE DE LA COMMISSION EUROPÉENNE RÉCLAMÉE PAR LES LABELS INDÉPENDANTS

La contre-offensive des labels indépendants se poursuit avec pour objectif que le rachat de Downtown Music par Universal Music ne soit pas finalisé. Quelques semaines après la confirmation par la Commission Européenne d’une enquête pour examiner les conséquences du deal en matière de concurrence, les dirigeants et représentants des labels indépendants lui demandent à présent d’aller plus loin en actant l’ouverture d’une enquête approfondie. Ce qu’elle devrait annoncer d’ici peu.

La position des labels indépendants consiste à affirmer que la fusion entre Downtown Music, groupe avec des activités de distribution et d’édition entre autres, avec Virgin Music, filiale d’Universal Music dédiée aux services aux labels et artistes, aboutirait à une concentration sans précédent dans l’industrie de la musique, sur un certain nombre de marchés, et au niveau international. C’est donc parce qu’elle déstabiliserait le music business que les dirigeants et représentants des labels indépendants sont vivement opposés à cette acquisition.

La nouvelle étape de leur lobbying consiste à solliciter la Commission Européenne pour qu’elle aille plus loin avec une enquête approfondie, une étape incontournable pour que l’opération ne soit finalement pas autorisée. Deux lettres rendues publiques ont été adressées fin juin et début juillet à la Commission Européenne et en particulier la Commissaire en charge de la concurrence, Teresa Ribera, pour l’interpeler et la sensibiliser.

Leadership consolidé

Les menaces, risques et conséquences du rapprochement entre Downtown Music et Virgin Music pour le marché de la musique enregistrée se situent à trois niveaux d’après les labels indépendants. De prime abord, le leadership d’Universal Music serait consolidé et la première major du marché deviendrait quasiment incontournable pour un certain nombre d’artistes et de labels.

“Cette acquisition renforcerait son rôle d’intermédiaire sur le marché avec l’intégration de plusieurs segments d’activités pour contrôler l’ensemble de l’infrastructure dont dépendent ses concurrents“ prévient Noemí Planas, CEO de Worldwide Independent Network (WIN), fédération internationale des labels indépendants, dans sa lettre à la Commissaire européenne en charge de de la concurrence.

Pratiques anti-concurrentielles et conflit d’intérêts

Secundo, l’absorption de Downtown Music donnerait à Universal Music le pouvoir et la possibilité de mettre en place diverses pratiques qualifiées d’anti-concurrentielles. Notamment en imposant des conditions inéquitables aux labels et artistes distribués, à l’instar d’une exclusivité sur d’autres services comme la distribution physique ou la gestion de droits. D’autant qu’UMG accèderait aux données relatives à l’exploitation et aux stratégies des projets produits par les labels distribués par CD Baby et Fuga, ou encore des artistes en contrat d’édition avec Songtrust, Sheer Music et Downtown publishing, trois autres filiales de Downtown Music. ​ ​

En parallèle, toujours selon les dirigeants et représentants des labels indépendants, le rachat de Downtown Music par Universal Music soulève des questions de conflit d’intérêts. Et ce, parce que les labels et artistes en deals avec les filiales de Downtown Music deviendraient des clients tout en étant des concurrents sur le marché de la musique enregistrée.

Une opération de contrôle du marché d’après 200 dirigeants et représentants de labels indépendants​

Dans une lettre adressée à la Commission Européenne début juillet, 200 dirigeants des labels indépendants en Europe, aux US et en Amérique latine entre autres ont fait part de leurs inquiétudes. Parmi les signataires figurent les dirigeants de Beggars Group (ancien label d’Adele), Wagram (ex-label d’Orelsan), Cooking vinyl (label britannique), ou encore AT(h)ome (label de rock français). Ils y déclarent notamment qu’UMG “contrôle plus de 40% du marché de la musique enregistrée en Europe. Le deal en question mettrait une part significative de l’écosystème sous le contrôle du leader du marché“.

Ils ont aussi souligné l’importance du secteur de la musique enregistrée pour l’économie de l’Europe, en termes d’emplois et de contribution à l’économie. Mais surtout les dirigeants et représentants des labels indépendants ont mis en garde quant aux conditions essentielles pour la prospérité du secteur et des entreprises. “Un marché équitable est indispensable pour soutenir un écosystème de la musique dynamique et bénéfique pour l’économie, la culture et l’innovation. Les labels indépendants jouent un rôle vital pour la promotion de l’innovation dans la musique, la défense de la diversité et la protection de la Culture. Il ne s’agit pas d’un simple investissement mais de contrôle“. ​

Pour l’ensemble des raisons soulevées, les labels indépendants demandent à la Commission Européenne de procéder à l’ouverture d’une enquête approfondie, en cohérence avec sa position communiquée en avril indiquant que la fusion entre Downtown Music et Virgin Music “menace d’impacter considérablement la concurrence dans des marchés où les deux entreprises ont des activités, aux Pays-Bas et en Autriche, de même que dans d’autres pays”. En ligne de mire des labels indépendants, que la Commission Européenne n’autorise pas l’acquisition de Downtown Music par Universal Music, considérant qu’il s’agit d’une opération contraire à la concurrence équitable sur le marché de la musique enregistrée.

La Commission Européenne devrait effectivement aller en ce sens. Plusieurs sources ont indiqué à l’agence de presse britannique Reuters qu’une enquête approfondie sera prochainement confirmée pour examiner l’étendue des conséquences de la fusion. Universal Music avait fait part de son objectif de finaliser l’opération au second semestre 2025. Le deal est a priori retardé. ​ ​

Jason Moreau, Executive Editor, MUSICBIZ

TIKTOK RENFORCE SON STATUT DE PARTENAIRE DES ARTISTES ET DE L’INDUSTRIE DE LA MUSIQUE AVEC DE NOUVELLES FONCTIONNALITÉS

TikTok déploie une véritable stratégie pour consolider son statut de partenaire des artistes et des acteurs majeurs de l’industrie de la musique, à l’instar de YouTube. La plateforme de vidéos a récemment activé de nouvelles fonctionnalités pour connecter les artistes à leurs audiences, et leur permettre de développer la promotion de leur musique.

Entre les innombrables contenus créés par les utilisateurs et ceux des artistes qui y font leur promotion, la musique est omniprésente sur TikTok. Le réseau social au milliard d’utilisateurs est à présent indispensable pour les artistes en quête d’élargir leur audience et de conquérir de nouveaux publics. Depuis 2020 et notamment les périodes de confinement, de nombreux titres sont devenus des succès à l’internationale à partir d’une viralité démarrée sur TikTok.

En France, les artistes Pierre de Maere, Wejdene, Yame, et plus récemment Denden ont démarré leur carrière et rencontré le succès après que leurs vidéos et leurs titres aient explosé sur TikTok. Au-delà des nouveaux titres, TikTok peut aussi relancer des titres sortis depuis plusieurs années (back catalogue). Le morceau “Makeba“ de Jain (Columbia / Sony Music France) est subitement devenu viral en 2023, huit ans après sa sortie, avec 1.5 million de vidéos créées à présent. Un succès qui dans la foulée s’est prolongé sur les plateformes de streaming, avec une entrée dans les classements Spotify de nombreux pays en Europe, en Amérique Latin ou encore en Asie.

Rémunération des artistes et concurrence faite aux plateformes de streaming

La plateforme chinoise fait cependant l’objet de vives critiques en raison de la faible rémunération des ayants droit et des artistes. En janvier 2024, le réseau social avait dû procéder au retrait du catalogue d’Universal Music, qui avait dénoncé des conditions inacceptables de rémunération pour les labels, auteurs et artistes. Les titres des artistes en deal avec la major (Drake, The Weeknd, Lady Gaga…) avaient été indisponibles durant au moins trois mois, et les contenus utilisant les titres avaient été mutés.

Finalement, un nouvel accord de licence avait été conclu entre Universal Music et TikTok, avec à la clé une meilleure rémunération des labels, auteurs et artistes, ainsi que de nouveaux services pour la promotion notamment. A la même période, Emmanuel de Buretel, CEO de Because Music (Christine and the queens, Jorja Smith, Shay…), avait affirmé dans une tribune dans la presse que “l’application et les réseaux sociaux en général doivent accepter les règles qui ont été discutées avec leurs prédécesseurs. Si TikTok veut vivre de la musique, il faut qu’il la respecte“.

TikTok n’est également pas qualifié de partenaire vertueux par les acteurs du music business parce que la plateforme fait directement concurrence aux plateformes de streaming. Le temps des utilisateurs passés sur le réseau social, particulièrement conséquent, est autant de temps qui n’est pas passé à streamer de la musique sur Spotify, YouTube, Apple Music ou encore Deezer.

Une expérience avec de la musique renforcée

En raison de la place de la musique parmi les contenus en tous genres postés par les créateurs, et de la valeur de la musique pour les utilisateurs, TikTok s’applique depuis 2024 à renforcer sa stratégie relative à l’expérience afférente à la musique. Avec le déploiement de nouvelles fonctionnalités, de nouveaux services et de nouveaux projets, la plateforme décuple son accompagnement des artistes et de leurs partenaires.

Depuis un an, TikTok a activé de multiples fonctionnalités. Une des plus importantes, “Add to music“, permet d’écouter un titre entendu dans une vidéo sur Apple Music, Spotify, ou encore Amazon Music. Entre fin 2024 et mi-2025, trois autres plateformes ont été reliées à TikTok : Deezer, Soundcloud, et plus récemment Anghami, service actif dans la région Middle East and North Africa avec plus de 120 millions d’utilisateurs et 2.5 millions d’abonnés payants.

Nouvelles fonctionnalités dédiées aux artistes et auteurs

En juin dernier, TikTok a présenté sa nouvelle interface dédiée aux artistes et leurs partenaires. TikTok for Artists permet d’accéder à un ensemble de données et informations dont les vues et engagements des posts, des détails sur les audiences, ou encore les performances des titres en termes d’utilisation dans des vidéos. Un nouveau service a également été activé, “pre-release tool“, donnant la possibilité aux artistes et labels de promouvoir un titre en amont de la sortie et aux auditeurs de le sauvegarder depuis leur plateforme favorite.

Dernière innovation de TikTok pour mieux reconnaître la valeur de la musique et des artistes, l’annonce faite le 17 juillet du lancement (en version beta) de fonctionnalités dédiées aux auteurs, avec un label “songwriter“ sur leur compte, ainsi qu’un onglet “music“. “Nous sommes pleinement engagés à soutenir les auteurs sur TikTok, c’est la raison pour laquelle nous avons développé ces fonctionnalités pour les célébrer et les faire avancer eux et leurs oeuvres. TikTok est unique de par sa capacité à offrir aux auteurs une manière de valoriser leurs créations avec leurs contenus, à les aider à raconter les histoires derrières leur musique, et à se construire leurs propres audiences comme des centaines de millers de créateurs“ a déclaré Jordan Lowy, Global Head of Music Publishing Licensing and Partnerships.

Les auteurs Lauren Christy (Rihanna, Dua Lipa, Shakira), Toby Gad (John Legend, Beyoncé, Madonna) et Savan Kotecha (Usher, Ariana Grande, Ed Sheeran) sont parmi les premiers à bénéficier des nouvelles fonctionnalités. Des partenariats ont en amont été noués avec leurs éditeurs respectifs, dont Reservoir et Kobalt Music. “Nous nous attelons à rester dans l’ère du temps au niveau de la tech, et continuons d’exploiter de nouvelles plateformes pour développer l’impact de notre catalogue et les créations de nos auteurs“ a fait savoir Rell Lafargue, President de Reservoir.

Lors de l’annonce du lancement des fonctionnalités dédiées aux auteurs, TikTok a précisé que ceux souhaitant rejoindre les premiers auteurs pouvaient s’inscrire sur liste d’attente, en communiquant notamment leur éditeur et l’organisme en charge de la gestion de leurs droits.

CONCERTS DE BEYONCÉ À PARIS: UNE CONTRIBUTION À L’ÉCONOMIE ESTIMÉE À 150 MILLIONS D’EUROS

Beyoncé s’est produit au Stade de France, les 20, 21 et 22 juin. Ces trois concerts, comme ceux de London quelques jours avant, sont entrés dans l’histoire de la musique sur le plan artistique de par les performances mémorables de l’artiste, et du business, avec des records de fréquentation et de recettes de billetterie. Au-delà du succès de façade, les concerts de Beyoncé à Paris ont engendré des retombées économiques conséquentes, pour le music business comme pour les secteurs du tourisme entre autres.

Le montant des retombées directes et indirectes des trois concerts de Beyoncé à Paris est estimé à 150 millions d’euros. 200 entreprises ont bénéficié d’un boost de leurs activités à cette occasion, et 2 000 personnes ont été employées. “C’est aussi plus de 5 millions d’euros dans les caisses de l’État“ précise Angelo Gopee, Directeur Général de Live Nation France, coproducteur des concerts de la superstar en France.

Comme évoqué par MUSICBIZ, les concerts de Beyoncé à Paris ont généré 34 millions d’euros (39 millions $) de recettes. Un record pour une série de concerts consécutifs dans l’histoire du Stade de France, premier lieu sur l’ensemble du territoire en termes de fréquentation avec une capacité entre 80 et 100 000 spectateurs. “C’est aussi un signe clair de la place grandissante du Grand Paris dans le tourisme musical, avec le live qui devient une attraction culturelle et un moteur économique“ salue Paris Île-de-France Capitale Économique, organisme dédié au développement et à la promotion de l’attractivité économique du Grand Paris.

Sur les 215 000 spectateurs au Stade de France, plus de 100 000 étaient des étrangers, et 60 000 sont arrivés en provenance d’autres régions que l’Île-de-France. ​Outre la hausse des réservations d’hôtels (300 000 nuits selon Live Nation France), des hausses significatives ont été enregistrées au niveau des achats de billets de trains depuis Turin (+96%), London (+13%), Marseille (+25%) ou encore Cannes. Les réservations de vols depuis les US et le Canada affichaient une hausse de 49% le 21 juin, jour du 2ème show. Les concerts de Beyoncé à Paris et London étaient les seuls en Europe du “Cowboy Carter tour“, ce qui a grandement contribué à la forte présence des spectateurs venus de l’étranger.

Lors de son discours en clôture du Sommet de la France Music Week à l’Élysée, Emmanuel Macron n’a pas seulement valorisé la contribution à l’économie du secteur et plaidé pour inciter les entreprises à investir davantage dans la musique en France. Le Président de la République a également fait des déclarations d’envergure sur plusieurs sujets et enjeux majeurs pour le music business, dont le streaming et en particulier concernant le modèle de répartition des revenus.

Emmanuel Macron souhaite que les artistes bénéficient davantage du partage de la valeur générée sur le streaming, qui plus est dans un contexte de croissance des revenus des plateformes et des abonnés aux offres premium. Le Président de la République l’a explicitement fait savoir lors de son discours devant plusieurs dizaines de dirigeants et professionnels. “La croissance du streaming nécessite un profond examen des modèles de rémunération, du ‘market centric’ qui consiste à concentrer et à répartir l’essentiel des revenus entre les artistes les plus écoutés, à des alternatives comme les modèles ‘artist centric’ ou ‘user centric’“. Il a évoqué le modèle “artist centric“ actuellement déployé par Deezer comme une initiative convergeant avec l’objectif de “construire des modèles équilibrés pour une meilleure rémunération“ des artistes et ayants droit.

“Nous devons corriger la première génération de règles, dans l’optique de parvenir à une plus juste rémunération entre les divers artistes et genres de musique“ a déclaré Emmanuel Macron, devant plusieurs dirigeants majeurs de l’industrie de la musique, dont Lyor Cohen, Head of music de YouTube ; Denis Ladegaillerie, CEO de Believe ; Olivier Nusse, Président d’Universal Music France ; Marie-Anne Robert, Présidente de Sony Music France ; Alain Veille, Président de Warner Music France, Stephan Bourdoiseau, Président de Wagram, Pascal Nègre, Président de 6&7 et de Hashtag NP ; Emmanuel de Buretel, Président de Because.

Une déclaration claire quant aux iniquités du modèle market centric actuellement en vigueur au niveau mondial, qui consiste à ce que chaque artiste soit rémunéré par une plateforme en proportion de la part de ses écoutes sur le nombre total des streams englobant tous les artistes.

Les redevances (royalties) reversées aux artistes par les plateformes sont ainsi calculées sur la base de leur part de marché par rapport à l’ensemble, et non en fonction de la consommation réelle de chaque abonné et utilisateur. En clair, un fan de musique payant un abonnement à Spotify, Apple Music ou Deezer mais n’écoutant que des albums d’artistes “pas connus“ ou des artistes de metal ou de jazz, contribue en réalité à rémunérer Jul, Werenoi, Gims et Damso, parmi les artistes les plus écoutés actuellement.

Une approche au niveau européen

Le Président de la République estime qu’il faudrait avoir “une vue d’ensemble et adopter une approche commune au niveau européen“. Il a néanmoins joué la carte de la prudence, en ne se prononçant pas favorable à un modèle “user centric“ ou “artist centric“, bien que reconnaissant leur caractère vertueux. D’autant qu’il n’y a pour l’heure pas de consensus en la matière entre les pays leaders de l’Union Européenne, ni au niveau européen.

C’est la 2ème fois en moins d’un an qu’Emmanuel Macron s’exprime sur le modèle de répartition des revenus sur le streaming. En octobre 2024, il avait déclaré dans un entretien au média américain Variety que “les artistes ne reçoivent pas de juste rémunération de la part des services de streaming. Les plateformes paient très bien les artistes qui sont massivement écoutés, mais elles paient beaucoup moins de nombreux artistes ayant des audiences plus modestes. Je souhaiterais voir des artistes comme Étienne Daho ou Barbara Pravi gagner plus d’argent, que ce soit plus équitable avec une Taylor Swift. Le modèle des plateformes de streaming est actuellement biaisé”

Jason Moreau, Executive Editor, MUSICBIZ

La ministre de la Culture a fait diverses annonces pour le secteur de la musique live lors de sa rencontre avec les représentants des professionnels de la musique au festivals les Francofolies de la Rochelle. L’une des plus importantes porte sur le démarrage à venir d’une mission à propos de la création d’un droit voisin pour les producteurs de live dans le cadre de la captation des concerts.

Les producteurs de live pourraient remporter en 2026 un de leurs combats les plus anciens sur le terrain réglementaire : la création d’un droit voisin au titre de la captation des concerts. Ils ont régulièrement plaidé – notamment en périodes électorales – pour obtenir le droit d’autoriser ou d’interdire aux labels l’enregistrement des concerts qu’ils produisent et sur lesquels ils investissent. Une première étape vers leur objectif final d’être rémunérés pour la diffusion des concerts à la télévision et sur les plateformes vidéos, comme le sont les labels produisant les titres et albums des artistes lors de l’achat des concerts par les diffuseurs.

Comme évoqué par MUSICBIZ début mai, Rachida Dati avait appelé de ses voeux à des négociations entre les producteurs live et les labels pour parvenir à un accord pour le partage de la valeur générée par la captation des concerts. Une invitation qui n’a pour l’heure pas été suivie d’effets. Pour cause, comme souligné par MUSICBIZ, les rapports entre les dirigeants des principales sociétés de production live et ceux des principaux labels, comme entre les membres des conseils d’administration de leurs organisations professionnelles, s’avèrent plus tendus que jamais depuis les débats autour de la taxe streaming fin 2023.

Le même scénario pourrait donc se reproduire concernant la captation des concerts. À défaut d’un accord entre les principales organisations professionnelles, le Gouvernement tranchera pour acter ou pas la création d’un droit voisin au profit des producteurs de live et sur les modalités associées. “Vous connaissez ma volonté de mieux reconnaître les producteurs“ avait déclaré la ministre lors d’un discours au Printemps de Bourges en avril dernier.

L’orientation du Gouvernement et en particulier de la ministre de la Culture dépendra entre autres des propositions qui seront formulées par la mission, dont le lancement sera prochainement annoncé. La mission consistera concrètement à “examiner la possibilité d’adopter un droit voisin pour les producteurs de spectacle vivant“. Le bénéfice éventuel pour les festivals sera également estimé.

En 2013, la création d’un droit voisin pour la captation des concerts avait été envisagée par le Gouvernement, durant le mandat de François Hollande. Le rapport Lescure faisant suite à une mission confiée par la ministre de la Culture de l’époque (Aurélie Filippetti), avait effectivement proposé la création d’un droit voisin qui permettrait aux producteurs de live d’autoriser ou d’interdire la captation d’un concert. Une condition avait toutefois été posée: “que la gestion des droits et des autorisations ne soit pas complexifiée au point de décourager les captations ou d’entraver leur diffusion“.

Cette éventuelle nouvelle réglementation sera indéniablement débattue entre les parlementaires. Mais d’ici-là, un nouveau ou une nouvelle ministre de la Culture sera nommé(e), Rachida Dati ayant confirmé dès sa nomination son intention d’être candidate à la Mairie de Paris, en mars 2026.

Jason Moreau, Executive Editor, MUSICBIZ

Après avoir progressé en début d’année, l’audience des dix principales radios musicales est à nouveau en baisse au 2ème trimestre, comme en 2024. Les radios majeures diffusant de la musique ont été écoutées par 16.9 millions de personnes, soit une perte globale de 311 000 auditeurs par rapport au premier trimestre 2025 et de 258 000 en un an. D’un point de vue global, les principales stations totalisent une audience de 19.5 millions de personnes. Les audiences respectives de NRJ, Skyrock, Fun Radio, Chérie FM et RFM ont baissé en comparaison avec le début d’année comme par rapport à l’an dernier.

Six des dix principales radios dédiées à la musique ont enregistré des hausses de leurs audiences au cours du 2ème trimestre. La meilleure progression a été réalisée par Radio Nova (888 000 auditeurs), avec 116 000 aficionados de plus par rapport au premier trimestre. Europe 2 (913 000 auditeurs) a gagné 85 000 auditeurs par rapport au premier trimestre, mais reste face à une baisse de 171 000 auditeurs par rapport par l’an dernier. Nostalgie est également en progression (+69 000), avec 3.41 millions d’auditeurs. Rire et chansons (1.45 million d’auditeurs) a attiré 55 000 fans de plus, et affiche une hausse de 175 000 auditeurs en un an.

L’audience de NRJ, la radio musicale la plus écoutée en France avec 4.10 millions d’auditeurs au 2ème trimestre, a néanmoins baissé de 117 000 auditeurs par rapport au premier trimestre et de 237 000 en un an. Skyrock, 2ème radio en termes de nombre d’auditeurs (3.13 millions), mais 1ère radio de France auprès des 13-24 et des 13-34 ans, a perdu 37 000 auditeurs en comparaison avec le premier trimestre, et 218 000 auditeurs en un an. Fun Radio, 5ème au classement avec 1.82 million d’auditeurs, a perdu 187 000 auditeurs par rapport au premier trimestre, et 62 000 en un an.

Les audiences des dix principales radios musicales entre avril et juin 2025: ​ ​
NRJ : 4.10 millions d’auditeurs ​
Skyrock : 3.13 millions ​
Nostalgie : 3.4 millions ​
RTL 2 : 1.95 millions ​
Fun Radio : 1.82 millions ​
Chérie FM : 1.63 millions ​
RFM : 1.48 millions ​
Rire et chansons : 1.45 millions ​
Europe 2 : 913 000 ​
Radio Nova : 888 000 ​ ​

Les indés radios : 6.87 millions

Les artistes ayant atteint le palier des 100 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify sont à présent dix. Un indicateur parmi ceux reflétant particulièrement la popularité et les performances dans les charts, de plus en plus mis en avant par les artistes, leurs labels et leurs partenaires. Universal Music est affilié à sept des dix artistes à avoir atteint le palier des 100 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify, Warner Music à deux artistes et Sony Music à une artiste. Les labels Interscope records et Republic records, dont Universal Music est la maison-mère, sont chacun partenaires de trois artistes, tandis qu’Atlantic records est associé à deux artistes.

Ed Sheeran rejoint les rares artistes à avoir passé la barre des 100 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify au moins une fois au cours de leur carrière. L’interprète de ‘Shape of you’, actuellement présent dans le classement streaming UK avec les titres ‘Azizam’ et ‘Sapphire’, est le 2ème artiste de l’année à réaliser cet accomplissement en 2025, après Kendrick Lamar en février, notamment suite au succès planétaire de ‘Not like us’. En 2024, six artistes ont franchi le cap symbolique des 100 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify: Bruno Mars, Ariana Grande, Lady Gaga, Billie Eilish, Justin Bieber et Mariah Carey. The Weeknd avait été le premier, en février 2023, et Taylor Swift la deuxième au cours de la même année.

Le nombre d’auditeurs mensuels des artistes sur Spotify est un indicateur particulièrement regardé par les consommateurs et fans. D’autant que la plateforme, première dans le monde en termes de nombre d’utilisateurs et d’abonnés payants, est la seule à l’afficher sur les profils des artistes.

Parmi les artistes ayant réalisé cette performance, sept sont des américains, deux sont originaires du Canada (The Weeknd et Justin Bieber) et un est britannique (Ed Sheeran). Au moins deux artistes sont également producteurs de leur musique.

Les 10 artistes ayant atteint les 100 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify, avec précision des labels ajoutée par MUSICBIZ:

The Weeknd  – Republic / Universal Music ​
Taylor Swift – Republic / Universal Music ​
Bruno Mars – Atlantic / Warner Music ​
Ariana Grande – Republic / Universal Music ​
Lady Gaga – Interscope / Universal Music ​
Billie Eilish – Interscope / Universal Music ​
Justin Bieber – Def Jam / Universal Music ​
Mariah Carey – Columbia / Sony Music ​
Kendrick Lamar – Interscope / Universal Music ​
Ed Sheeran – Atlantic / Warner Music

*artistes producteurs

La totalité des personnalités nommées et promues dans l’Ordre national de la Légion d’honneur au cours de cette année est à présent connue, avec l’annonce de la promotion du 14 juillet. Au total, dix-sept personnalités affiliées au secteur de la musique ont été distinguées. Parmi les artistes décorés en tant que “chevalier“ de la Légion d’honneur figurent Pharrell Williams, Jean-Louis Aubert, Véronique Sanson, ou encore Etienne Daho. Trois dirigeants éminents du secteur de la musique ont également reçu la distinction: Cécile Rap-Veber, Directrice générale de la Sacem, Bruno Laforestrie, directeur du développement de Radio France et ex-directeur de la radio Mouv’, et Alexander Neff, Directeur général de l’Opéra de Paris. Autre personnalité emblématique du music business fait chevalier de la Légion d’honneur: Alain Lahana, agent d’artistes (Patty Smith, Carla Bruni…) et producteur.

La liste des personnalités affiliées à la musique nommées et promues dans l’Ordre national de la Légion d’honneur en 2025:

Grade chevalier
Pharrell Williams, auteur, compositeur, producteur, interprète ​
Jean-Louis Aubert, auteur, compositeur, interprète ​
Véronique Sanson, auteure, compositrice, interprète ​
Etienne Daho, auteur, compositeur, interprète ​

Cécile Rap-Veber, Directrice général de la Sacem ​
Alain Lahana, agent d’artistes et producteur ​
Alexander Neff, Directeur général de l’Opéra de Paris
Bruno Laforestrie, directeur du développement de Radio France ​ ​

Jacques Revaux, compositeur
Jean-Yves Thibaudet, pianiste
Graciane Finzi, compositrice
Lang Lang, pianiste

Grade commandeur
Catherine Lara, auteure, compositrice, interprète ​
Sylvie Vartan, interprète
Laurent Petitgirard, compositeur, ancien Président de la Sacem ​

Grade officier
Bertrand de Billy, chef d’orchestre
Emmanuelle Haïm, cheffe d’orchestre ​

De la Coupe du monde au Super Bowl en passant par les Jeux Olympiques et la finale de la Ligue des champions, plusieurs évènements sportifs profitent au music business, en raison des performances live organisées. Lors de la finale de la FIFA Club World Cup (Coupe du monde des clubs) le 13 juillet au MetLife Stadium (New Jersey), un “halftime show“ a été offert au public à l’image du Super Bowl, avec plusieurs superstars sur scène: Coldplay, Doja Cat, J Balvin, et Tems.

Doja Cat lors du halftime de la Club World Cup

Dotée d’une large audience et d’un rayonnement international, la Club World Cup est autant une source d’audience pour les artistes programmés qu’une source d’exposition pour la musique d’un point de vue global. Trois performances live majeures ont eu lieu durant la nouvelle compétition sportive. Lors de la cérémonie d’ouverture à Miami, plusieurs artistes étaient sur scène dont les rappeurs américains French Montana et Swae Lee. À l’occasion de la finale devant 70 000 spectateurs et plusieurs millions de téléspectateurs, Robbie Williams et Laura Pausini ont interprété l’hymne officielle de la compétition, avant un halftime show avec le groupe britannique Coldplay, la chanteuse américaine Doja Cat, la superstar du reggaeton J Balvin, et la nigériane Tems.

Les performances des artistes ont cumulé plusieurs millions de vues, et ont été suivies par des dizaines milliers de posts notamment sur X (Twitter) en quelques instants. 25 000 posts ont été faits à propos de Tems, avec plus de 400 000 vues pour les vidéos de son passage. 12 000 posts ont été publiés concernant Doja Cat, avec plus de 900 000 vues pour les vidéos de son set. Concernant Coldplay, 17 000 posts ont été faits sur le réseau social, tandis que les vidéos de J Balvin totalisent plus de 200 000 vues.

Les artistes étaient au moment du concert quasiment tous en tendances sur X. Reste à voir si le halftime show de la Club World Cup peut, à l’instar du Super Bowl, susciter suffisamment l’intérêt et l’engouement de la part du public, au point de provoquer une forte croissance des écoutes sur les plateformes de streaming et des ventes de billets pour les concerts des artistes.

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